La crise de la COVID a testé l’unité du Canada. La guerre sera pire.
Cela fait trois ans que l’Organisation mondiale de la santé a déclaré la COVID-19 comme une urgence de santé publique. Trois ans qui en paraissent trente et qui ont laissé d’innombrables cicatrices à travers le monde. La mort, la maladie, les perturbations économiques, politiques et sociales sont devenues la nouvelle norme. Et le Canada n’a pas fait exception.Sur le plan sanitaire, notre pays répertorie cinquante mille morts, on estime à 1,4 million de cas de COVID longue, et on a vu des millions de chirurgies et de traitements reportés. Sur le plan économique, les Canadiens ont été frappés par une inflation vertigineuse, des taux d’intérêt montant en flèche et un marché du logement rendu inabordable. Sur le plan social, les familles se sont déchirées à propos des campagnes de vaccination, les enfants ont connu d’importantes difficultés à l’école et les villes ont subi une augmentation marquée des crimes violents. Sur le front politique, les médias sociaux se sont noyés dans une véritable déferlante de rage, la désinformation a submergé les faits et les partis se sont divisés selon des lignes des classes.Cela aurait pu être différent. Vous souvenez-vous des premiers jours de la pandémie? «Nous sommes tous dans le même bateau!» Nos politiciens se sont laissé pousser la barbe et les mauvaises coupes de cheveux étaient la norme. Les voisins ont cogné sur des chaudrons sur le porche pour honorer les premiers intervenants. Tout le monde s’est procuré un chien. Il y a eu une brève période de solidarité sociale, qui s’est rapidement dissoute dans l’hostilité, les théories du complot et le désordre général dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui.J’ai beaucoup pensé ces trois dernières années, à la façon dont nous nous sommes retrouvés dans cette situation moche. Pourquoi est-ce arrivé? Quelles leçons pouvons-nous en tirer? Et surtout, comment éviter de refaire les mêmes erreurs alors que nous nous attaquons à notre prochaine crise nationale?D’abord, le pourquoi. Pourquoi la solidarité s’est-elle dissoute si rapidement? Réponse: parce que le virus était un ennemi diviseur. Il n’a pas uni les Canadiens dans un combat commun, mais nous a montés les uns contre les autres, car il ne nous a pas tous touchés de la même façon. Il a tué de manière disproportionnée les personnes âgées. Il a causé la COVID longue chez certaines de ses victimes, mais pas toutes. Y faire face semblait aléatoire, un jeu de roulette de la santé. Et donc, c’est devenu une affaire de chacun pour soi.La COVID nous a également rendus impuissants. Vous ne pouviez rien faire activement à ce sujet, à part l’éviter. «Faites-vous vacciner, portez un masque, restez à la maison!» n’était pas un cri de guerre inspirant. Au contraire, cela a souligné les différences entre ceux qui pouvaient travailler à domicile et ceux qui devaient risquer de s’exposer juste pour garder leur maison. Il n’y avait pas d’unité face à l’adversité.Enfin, la COVID était un ennemi invisible. C’était un virus. Il n’avait pas de visage. Les gens qui étaient en colère à ce sujet n’avaient aucun exutoire. Mais il leur en fallait un. Entre en scène le premier ministre. Justin Trudeau a sans doute eu le moins d’impact sur la vie quotidienne des gens; il n’a pas imposé de confinements à la maison, ni fermé des entreprises ou imposé des couvre-feux. C’étaient toutes les prérogatives des gouvernements provinciaux. Mais cela n’avait pas d’importance: Trudeau est devenu le responsable de la pandémie. Ses opposants politiques se sont emparés de cela à leurs propres fins et ont encore plus fracturé la nation.L’héritage de toute cette période est une classe politique polarisée comme jamais auparavant. Les conservateurs sont devenus la grande tente des haineux de Trudeau, des théories du complot, de la rage rurale et de la frange d’extrême droite. Les libéraux sont le parti du grand gouvernement, la classe des ordinateurs portables, le Canada urbain et la gauche woke. Quant au NPD, il ne fait que maintenir le cirque en soutenant le gouvernement minoritaire de Trudeau, car le chef Jagmeet Singh sait qu’il n’aura jamais autant de pouvoir qu’il en a maintenant.Mais il est temps d’arrêter ce cirque. Le Canada fait maintenant face à une autre menace. Une menace qui se fait enfin voir après avoir été ignorée pendant une trentaine d’années. Celle qui menace notre souveraineté, notre démocratie, notre mode de vie même. Une menace dont nos alliés sont bien conscients, et sur lesquels ont même mené des opérations de renseignement dans notre propre pays. Cette menace est l’infiltration étrangère de la politique, des affaires, du milieu universitaire et des médias canadiens par le Parti communiste chinois (PCC) et ses opérations du Front uni.Au fil des décennies, cette infiltration a nui à des millions de Canadiens – des toxicomanes qui meurent de fentanyl introduit en contrebande par des gangs criminels chinois, aux jeunes exclus du marché du logement par le blanchiment d’argent qui fait gonfler les prix, en passant par les retraités qui ont perdu leurs économies dans l’effondrement de géant de la technologie Nortel et la diaspora chinoise menacée si elle ne joue pas le jeu avec Pékin.Contrairement à la pandémie, cette menace a un visage: le président chinois Xi Jinping. Elle a un programme: faire du Canada un État vassal. Pourtant, jusqu’à présent, notre classe politique réagit à cette menace de la même manière qu’elle l’a fait face à la COVID. Nos politiciens ne peuvent pas voir au-delà de leurs propres intérêts. Ils sont dans un perpétuel état de lendemain de veille colérique et sont incapables de passer à autre chose.Mais la sécurité nationale ne doit pas devenir une question partisane. Il y a beaucoup trop en jeu. Si le Canada perd sa souveraineté, nous perdrons nos libertés et notre capacité à contrôler notre destin économique, social et politique.Que doit-il se passer? Tous les dirigeants, à commencer par le premier ministre, doivent mettre de côté la partisanerie. Trudeau doit demander à son «rapporteur spécial», David Johnston, de se retirer. Il devrait alors déclencher une enquête publique complète sur l’ingérence électorale, l’infiltration étrangère et la répression transnationale.Cela ne doit pas être un exercice partisan. Trudeau devrait consulter les partis d’opposition pour savoir qui devrait diriger l’enquête et quels seront ses paramètres. Et en réponse, Poilievre et Singh doivent déposer les armes, accepter cette branche d’olivier et travailler ensemble pour le bien du pays.Ce n’est pas comme s’il n’y avait pas d’intérêt personnel en jeu ici. Si Trudeau était intelligent, il se rendrait compte que c’est peut-être aussi la seule façon pour lui de survivre en tant que chef. Les couteaux sont sortis et les fuites continuent d’arriver. S’il ne le fait pas, tôt ou tard, il sera chassé par des membres de son propre parti qui le verront se transformer de phénix en albatros.Et si Poilievre est intelligent, il jouera le jeu. Parce que s’il ne le fait pas et que Trudeau se promène à nouveau sous la neige, les libéraux organiseront une course à la chefferie et présenteront un nouveau visage aux prochaines élections. Et vous ne pouvez pas miser sur la haine de Trudeau si l’homme ne se présente pas à nouveau.Il est important de noter qu’une enquête publique ne serait pas une chasse aux sorcières libérales. Aucun parti n’en sortirait indemne. Une enquête publique révélerait des choses plutôt laides dans les gouvernements de Stephen Harper, Paul Martin et Jean Chrétien – qui ont tous fonctionné sous la même illusion: un commerce plus libre profiterait à la fois au Canada et démocratiserait la Chine. Au lieu de cela, le PCC a utilisé notre ouverture contre nous, pour prendre le contrôle de nos entreprises de ressources naturelles, voler notre technologie, se mêler de nos élections et fausser l’opinion publique en faveur de Pékin.Le Canada et ses politiciens ne peuvent pas se permettre de demeurer en désaccord sur cette question. Comme certaines personnes intelligentes l’ont souligné sur Twitter (Matt Gurney), c’est ce que veulent nos ennemis. Le chaos leur est utile. Une maison divisée contre elle-même ne peut subsister, et une nation non plus.La leçon des trois dernières années est que si nous voulons mieux nous en sortir en tant que pays, nous devons travailler ensemble. Le Canada a besoin d’un leadership qui transcende la partisanerie. Nous sommes en guerre et avons besoin d’un cabinet de guerre avec tout le monde assis autour d’une même table.De peur que vous ne pensiez que tout ça est bien exagéré, détrompez-vous. Les experts militaires prédisent que l’Occident et la Chine seront engagés dans des hostilités actives d’ici deux ans. Nous sommes déjà dans une guerre froide – économique, désinformation, cyber – qui, selon certains experts chinois, n’est qu’une simple continuation de la précédente. Mais un conflit armé est un jeu bien différent et exigera un véritable leadership. Un Churchill, pas un Chamberlain.Si la guerre n’unit pas les Canadiens, rien ne le fera. C’est terrible que les choses doivent en arriver là. Mais si nous ne voulons pas que ces trois dernières années de lutte aient été vaines, nous devons apprendre d’elles et de nos erreurs. Sinon, nous sommes condamnés à les répéter.Lire la version originale anglaise de ce texte sur Substack.com