La visite de Biden est une opportunité pour Trudeau de renforcer la sécurité et consolider les relations avec ses alliés

Le premier ministre Justin Trudeau n’a jamais été connu pour exceller en matière d’affaires étrangères. Mais il ferait mieux de se préparer, car jeudi, le président américain Joe Biden débarque en ville.Ce sera la deuxième visite officielle de Biden au Canada et sa première en tant que président. La dernière fois qu’il était à Ottawa remonte à 2016, alors qu’il était vice-président du président Barack Obama. Le monde a beaucoup changé depuis; entre les années Donald Trump, la pandémie de COVID, la guerre de la Russie contre l’Ukraine et la consolidation du pouvoir de Xi Jinping en Chine, on a parfois l’impression de vivre dans un univers parallèle. Pendant ce temps, les relations entre le Canada et les États-Unis se sont également transformées – et pas toujours pour le mieux.Les années de renégociations de l’ALENA avec l’administration Trump n’ont pas donné de résultats dans plusieurs secteurs clés, dont celui du bois d’œuvre. L’accord sur le bois d’oeuvre entre le Canada et les États-Unis a expiré en 2015 et, depuis, les administrations successives ont évité d’en signer un nouveau. Par conséquent, les producteurs canadiens de bois d’oeuvre ont payé plus de 8 milliards de dollars en droits de douane entre 2017 et 2022.Un autre domaine dans lequel les États-Unis ont hésité à s’engager est la limitation des passages frontaliers illégaux vers le Canada. Depuis le fameux tweet de Trudeau en 2017 en réponse à l’interdiction de voyager des musulmans de Trump, «La diversité est notre force #WelcomeToCanada», les migrants illégaux ont traversé la frontière 40 000 fois en 2022 seulement, principalement à Roxham Road au Québec. Cela a coûté au contribuable canadien 94 millions de dollars depuis 2021, rien que pour les loger dans des chambres d’hôtel – sans parler des millions en coûts de protection sociale.Ensuite, il y a la question de la sécurité nationale. La récente exclusion du Canada du pacte de défense AUKUS entre l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis a été une véritable gifle pour notre pays. Mais cela ne devrait pas être une surprise, compte tenu de notre contribution lamentable aux efforts de l’OTAN et de l’état pitoyable de nos forces armées.Ajoutez à cela l’échec du Canada à freiner l’infiltration chinoise dans nos domaines politique, militaire, universitaire et commercial – ce qui préoccupe apparemment les Américains depuis la fin des années 1990 – et il n’est pas surprenant que nos alliés nous aient laissés pour compte.En 2023, le Canada n’est pas de retour; il est en queue de peloton. Si Trudeau espère retrouver une quelconque influence auprès des États-Unis, il doit prendre des mesures concrètes. Voici cinq choses qu’il pourrait faire.En ce qui concerne les tarifs sur le bois d’oeuvre, Trudeau pourrait essayer d’assoir Washington à la table en proposant d’exempter les Américains de la nouvelle taxe foncière sur la propriété étrangère du Canada, un prélèvement de 1% qui entrera en vigueur en avril. La taxe affecte de nombreux propriétaires de résidences secondaires et de chalets, et certains membres du Congrès américain demandent une exemption.En matière de défense, Trudeau doit convaincre Biden que le Canada fera sa part. Il devrait s’engager à atteindre l’objectif de l’OTAN de consacrer 2% du PIB à la défense dans le prochain budget fédéral, qui sera déposé le 28 mars. Certaines de ces dépenses pourraient peut-être renforcer les défenses navales du Canada, comme l’a récemment suggéré le lieutenant-général Michel Maisonneuve, en achetant une flotte de 10 à 12 sous-marins à propulsion nucléaire pour patrouiller nos trois côtes et l’océan Arctique.Trudeau devrait également proposer de prendre l’initiative de résoudre la crise actuelle en Haïti – ce que les États-Unis ont réclamé et qui serait populaire auprès de la vaste diaspora haïtienne du Canada. Cela pourrait peut-être convaincre les Américains de rouvrir l’Entente sur les tiers pays sûrs en contrepartie.Concernant l’infiltration et l’influence chinoises, Trudeau devrait faire deux choses. Premièrement, il devrait immédiatement déclencher une enquête publique complète. Deuxièmement, il devrait s’engager avec les États-Unis sur le développement des réserves de minéraux critiques, un secteur que la Chine domine actuellement. Les États-Unis ont annoncé la semaine dernière qu’ils négociaient un accord sur les minéraux critiques avec l’Union européenne; ils devraient faire la même chose avec le Canada.Les affaires étrangères passent souvent au second plan parce qu’elles ne sont pas considérées comme une «question de scrutin». Mais elles façonneront cette question, sur des points allant de l’immigration à la sécurité nationale en passant par l’économie. En obtenant une ou deux victoires avec Washington, Trudeau marquerait des points dont il a cruellement besoin chez lui – et aiderait le Canada à retrouver le soutien dont il a besoin de la part de ses alliés à l’étranger.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

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Biden visit an opportunity for Trudeau to strengthen security, shore up allies

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La crise de la COVID a testé l’unité du Canada. La guerre sera pire.