Les personnes non vaccinées doivent être dissuadées de nuire à autrui
Que faut-il faire des non-vaccinés? Alors qu’Omicron déchire la société canadienne, cette question de santé publique est devenue un sujet politique des plus polarisants. Les libéraux et les conservateurs ont choisi leur camp: intensifié la rhétorique et polarisé le débat, chacun jouant sur la base d’électeurs qu’il pense être la plus susceptible de soutenir son point de vue.Avec 88% des Canadiens de plus de 12 ans complètement vaccinés, les libéraux pensent qu’ils sont en sécurité du côté de l’électorat qui favorise la vaccination. Malheureusement, ils ont choisi la stratégie de la diabolisation. Cette semaine, le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, a appelé les gouvernements provinciaux à envisager la vaccination obligatoire. Il y a deux semaines, le premier ministre Justin Trudeau a qualifié les non-vaccinés de «misogynes» et de «racistes». Il a un peu tempéré ses propos cette semaine lorsqu’il a déclaré que les Canadiens étaient en colère contre les non-vaccinés qui occupent des lits d’hôpitaux, mais ses remarques ont provoqué une onde de colère qui ne s’est pas encore apaisée.Tout cela n’est pas accidentel. La triste réalité est qu’il existe un sous-groupe de personnes non vaccinées qui correspond tout à fait à la description de Trudeau. Depuis septembre, par exemple, certains utilisent le hashtag «Pureblood» («Pur sang») sur les réseaux sociaux pour s’identifier comme non-vaccinés. Vous n’avez pas besoin de faire défiler bien longtemps les fils pour tomber sur des images taguées parsemées de gestes de suprématie blanche ou de casquettes MAGA. La sortie des libéraux vise en fait à confondre ces personnes avec les conservateurs traditionnels – et dissuader les gens d’appuyer l’appel à un «accommodement raisonnable» du chef conservateur Erin O’Toole.Ce dernier demande que l’on «accepte» le fait que jusqu’à 15% de la population ne se fera pas vacciner. Il préfère qu’on utilise des tests rapides pour garder les travailleurs non vaccinés au travail, plutôt que de tout fermer pour freiner la propagation du virus. «Dans une population qui est maintenant en grande partie entièrement vaccinée, en fait, l’action et l’inaction du gouvernement Trudeau normalisent les confinements et les restrictions en tant que principal outil pour lutter contre le dernier variant de COVID-19.»Mais cette approche est également mauvaise. Premièrement, elle repose sur une technologie peu fiable. Les tests rapides ne sont pas efficaces pour détecter les infections à Omicron, en particulier au stade précoce lorsqu’une personne est infectieuse mais ne présente aucun symptôme. Deuxièmement, elle envoie un double message: d’un côté, les conservateurs encouragent les gens à «se faire vacciner»; de l’autre, ils tiennent compte de ceux qui évitent le vaccin.C’est comme dire «portez votre ceinture de sécurité, mais si vous ne le faites pas, ce n’est pas grave». Eh bien, devinez quoi – ce n’est pas le cas. Si vous avez un accident, il en coûtera jusqu’à trois fois plus pour vous faire soigner à l’hôpital que si vous étiez attaché. Cela sonne familier?La réalité est que nous restreignons de nombreux comportements où nous jugeons que le préjudice causé aux autres, y compris le préjudice économique, l’emporte sur les limites de la liberté individuelle. Nous n’autorisons pas les gens à fumer sur les lieux de travail ou dans les bâtiments publics. Nous interdisons l’alcool au volant. Et nous rendons obligatoire la vaccination contre les maladies contagieuses telles que la rougeole si les enfants doivent fréquenter l’école publique.Pourquoi? Parce que sinon vos actions, ou votre inaction, présentent un risque réel de nuire à quelqu’un d’autre. Elles peuvent causer des pertes quantifiables, sous forme de maladie, de souffrance, voire de mort (oui, l’année dernière, 200 000 personnes dans le monde sont mortes de la rougeole, principalement des enfants de moins de cinq ans).Les gens ne vivent pas sous une cloche de verre. Un libéral citerait le Contrat social de Jean-Jacques Rousseau, qui appelait au gouvernement par consentement populaire. Un conservateur, lui, pointerait vers Edmund Burke, qui a observé à juste titre que: «Les hommes ne sont jamais dans un état d’indépendance totale les uns des autres.» Autrement dit, il n’y a pas de liberté sans responsabilité, pas de liberté sans devoir.En matière de vaccination, nous devons protéger ceux qui comprennent cette vérité de ceux qui la méprisent. Les passeports vaccinaux, les restrictions en matière d’interactions sociales et le retrait de privilèges sont préférables aux injures, aux contraintes de se faire vacciner de force ou, au contraire, à s’accommoder d’un choix mettant les autres en danger. Obliger ceux et celles qui refusent la vaccination à payer une pénalité, comme le suggère le gouvernement du Québec, est aussi une possibilité. De telles mesures ne visent pas à amadouer ou à obliger, mais si elles entraînent davantage de vaccinations, c’est une bonne chose. Elles sont destinées à nous protéger tous, nous qui voulons simplement sortir de ce genre de situation de crise qui n'arrivent qu'une fois par siècle et reprendre notre vie en main.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post