Le faible leadership de Trudeau et O’Toole et ses conséquences

La semaine s’annonce difficile pour les chefs du nouveau gouvernement du Canada et de la loyale opposition de Sa Majesté. Les couteaux volent bas à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de leurs partis, bien que sur des questions très différentes.Après que le premier ministre Justin Trudeau s’est envolé pour Tofino jeudi dernier pour des vacances en famille à l’occasion de la première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation au Canada (un voyage que son personnel a d’abord tenté de dissimuler), il est fustigé à juste titre pour son manque de jugement. Et mardi, le chef conservateur Erin O’Toole a fait face à sa première réunion de caucus depuis les élections et a reçu toute une réprimande pour la «trahison» perçue des électeurs de centre-droit. Dans les deux cas, la question centrale est: où est le leadership?Avec Trudeau, presque personne ne semble savoir à quoi il a pensé. Alors que le reste du pays portait des chemises orange, participait à des cérémonies en l’honneur des enfants qui ont perdu leur enfance ou même leur vie dans les pensionnats, et réfléchissait à la façon dont le Canada peut améliorer ses relations avec les peuples autochtones, Trudeau était filmé en train de marcher sur une plage.Mais pas n’importe quelle plage: une plage en Colombie-Britannique, à l’autre bout du pays depuis Ottawa. Trudeau ne s’est pas contenté d’entasser les enfants et la glacière dans la voiture pour une excursion d’une journée sur un coup de tête. C’était des vacances qui nécessitaient une planification. Cela signifie qu’il y a eu de nombreux moments en cours de route où quelqu’un – notamment le premier ministre lui-même – aurait dû s’arrêter et dire: «ATTENDEZ! CE. N’EST. PAS. UNE. BONNE. IDÉE.» Et faire autre chose à la place.Cette autre chose aurait pu prendre plusieurs formes: ne pas aller en Colombie-Britannique du tout et respecter le jour férié officiel à Ottawa, ou se rendre dans l’Ouest du pays et respecter là-bas le jour férié. Les ainés de C.-B. ont déclaré avoir invité Trudeau à faire exactement cela et ont eu droit à un silence radio en guise de réponse.Le jour de la réconciliation est comme le jour du Souvenir: c’est un jour férié officiel, mais pas un «jour de fête». C’est censé être une journée pour montrer du respect, pas pour faire la fête comme si c’était 1999! Et comme c’est Trudeau qui a créé ce jour férié, qu’il prétend se soucier de la réconciliation et qu’il a même recherché le soutien des électeurs autochtones, l’hypocrisie est ahurissante. Vous pouviez presque entendre Jody Wilson-Raybould crier «Je vous l’avais bien dit!» alors que ce nouveau scandale défilait sur son fil Twitter.Et puis, il y a O’Toole. Le chef conservateur a été pris à partie pour un péché bien différent, mais similaire. Celui d’avoir l’air d’être ce qu’il n’est pas: le candidat de droite de la course à la direction du PCC en 2020. Parlez à des gens qui le connaissent bien et ils vous diront que le vrai O’Toole était celui qui s’est présenté aux récentes élections — plus modéré et centriste que celui qui a battu Peter MacKay pour le poste de chef conservateur il y a deux ans. Mais cet autre O’Toole a été créé par nécessité, pour courtiser la base conservatrice sociale qui pensait que MacKay était trop progressiste.En d’autres termes, O’Toole a dû prétendre être quelqu’un qu’il n’est pas pour remporter la couronne conservatrice – et il a joué le jeu. Ce fut un voyage beaucoup plus long que le simple séjour de Trudeau à Tofino, avec encore plus d’endroits où s’arrêter et dire: «ÇA. N’EST. PAS. QUI. JE. SUIS.» Mais O’Toole ne s’est pas dit cela; en fait, personne n’a dit cela, car le but était de gagner pour ensuite tenter d’arranger les choses. Cela a laissé ceux qui ont voté pour O’Toole 1.0 se sentir trahis par l’émergence d’O’Toole 2.0La leçon dans les deux cas est que le leadership exige de l’authenticité. Un vrai leader met en pratique ce qu’il prêche et demande aux autres de faire ce qu’il fait, pas ce qu’il dit. Un vrai leader ne change pas de positions pour obtenir du soutien; il utilise le pouvoir de persuasion pour l’obtenir. Ne faites ni l’un ni l’autre et vous finirez par tomber sur votre propre épée.Peut-être que Trudeau a l’intention de faire exactement cela; il y a des spéculations que ce dernier échec est un signe qu’il ne se représentera pas. O’Toole, en revanche, se bat pour sa vie politique et doit découvrir qui il est et où il veut mener son parti. Mais qu’ils restent ou pas, ils doivent tous les deux à leurs partisans – et aux Canadiens – de leur donner l’heure juste.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

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