Déclencher des élections en août donnerait aux libéraux de Trudeau la meilleure chance d’obtenir une majorité
Accrocs des élections, démarrez vos moteurs! Entre la nomination d’une nouvelle gouverneure générale et une vague d’annonces de dépenses gouvernementales, une élection fédérale anticipée au Canada est maintenant dans les cartes. Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a beau demander au premier ministre d’attendre encore deux ans, personne n’écoute; à travers tout le pays, les partis et les candidats se préparent pour un combat qui est déjà palpable dans l’air.Alors, quand Justin Trudeau déclenchera-t-il ces élections? De nombreux facteurs entrent en ligne de compte: la position de son parti dans les sondages, l’état de la COVID et du déploiement de la campagne de vaccination, et les enjeux régionaux dont le référendum albertain sur la péréquation, prévu le 7 octobre.En effet, Trudeau n’aimerait rien de mieux que d’utiliser les premiers ministres de l’Alberta, Jason Kenney, et de l’Ontario, Doug Ford, tous deux extrêmement impopulaires à l’heure actuelle, pour freiner l’ardeur d’un soutien au chef conservateur fédéral Erin O’Toole. Que Kenney prêche les méfaits de la péréquation pendant qu’O’Toole essaie d’accumuler des voix au Québec est une situation idéale pour les libéraux, tout comme rappeler aux électeurs ontariens la gestion incohérente de la crise de la pandémie par leur gouvernement.Il existe deux écoles de pensée sur le choix d’une date pour un éventuel scrutin. La première verrait un Trudeau appeler la population aux urnes entre la mi-août et la fin août, lorsque les Canadiens sont trop occupés à sortir de leurs confinements COVID pour prêter attention, pour la tenue d’un vote entre la mi-septembre et la fin septembre, soit après le retour des enfants à l’école et avant qu’une quatrième vague ne vienne gâcher la fête.La seconde école de pensée verrait un Trudeau déclencher les élections au début septembre pour un vote ayant lieu peu après l’Action de grâces. Cela donnerait aux électeurs le temps de se réunir en famille et avec leurs amis (dans les limites des restrictions entourant la COVID, bien sûr), de parler de politique, de solidifier leurs choix et d’alimenter un dernier grand sondage avant d’aller voter.Compte tenu des complications entourant la COVID, Trudeau ferait mieux de débuter la campagne alors que tout va bien, à la fois en termes d’humeur général et de capacité à se connecter à faible risque avec les électeurs. Des événements en plein air seront possibles tout au long de l’été; une fois le mois d’octobre arrivé, le temps plus frais renverra tout le monde à l’intérieur, ce qui limitera la taille et la nature des rassemblements permis. La dernière chose qu’un parti souhaite, c’est que son rallye se transforme en un événement «à haut risque» de propagation du virus, quelque chose qui serait minimisé en se réunissant dans des espaces extérieurs.Et bien que les rallyes politiques ne soient peut-être pas l’idée que tout le monde se fait d’un bon moment, ces rassemblements peuvent être plus bienvenus qu’à l’habitude, étant donné le désir des Canadiens de revenir à un semblant de normalité. Sur la base d’élections précédentes non pandémiques, les politiciens savent très bien que la rencontre d’un candidat en chair et en os augmente la probabilité d’un engagement et d’un soutien. Et bien que les médias sociaux et les campagnes virtuelles aient leur place dans une élection, le bon vieux porte-à-porte et les activités en personne pourraient connaître un regain de popularité auprès des électeurs.Et tous les autres indicateurs favorisent un déclenchement rapide du premier ministre, alors que tout va bien. Le dernier sondage Abacus montre que malgré les hauts et les bas de la pandémie, Trudeau a maintenu une forte popularité: 40% ont une opinion favorable de lui, tandis que 39% en ont une négative. Alors que Jagmeet Singh surpasse Trudeau avec une note positive de 38% et de 26% négative, son parti est toujours dans les 20% en termes de popularité. Erin O’Toole, lui, a obtenu un score de 40% négatif et 20% positif, ce qui a amené certains experts à tweeter que des conservateurs désespérés murmuraient dans les coulisses à propos d’un éventuel retour de Stephen Harper.Un soubresaut inattendu est l’implosion du Parti Vert, dont les membres s’amusent toujours à poignarder dans le dos leur propre cheffe. Même si le parti se ressaisit, le mal est déjà fait; des électeurs vont potentiellement se décourager et se détourner du parti. Reste à savoir qui profitera le plus de cette débâcle si ses 6,5% des voix de 2019 échappe aux verts: le NPD ou les libéraux?Quant au Québec, tous les regards sont tournés vers le Sénat et le projet de loi C-10. La Chambre haute sera-t-elle rappelée pour adopter les modifications à la Loi sur la radiodiffusion, qui suscitent un grand soutien au Québec, ainsi que le projet de loi C-6, interdisant la thérapie de conversion, avant le déclenchement des élections, ou les deux lois mourront-elles au feuilleton?Alors que Trudeau soupèse toutes ces considérations, cherchant à obtenir une majorité tant convoitée, les Canadiens s’affairent à reprendre un semblant de vie presque normale. En politique, comme dans la vie post-pandémique, semble-t-il, tout ce qui est ancien est de nouveau… nouveau.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post