COVID-19 : les électeurs disent qu'ils sont passés à autre chose. Cela pourrait faire mal à Trudeau

Retour vers le futur! Alors que la nation se rapproche de plus en plus du déclenchement d’une élection largement attendue, la pandémie de COVID-19 semble reculer rapidement dans notre rétroviseur collectif. La circulation obstrue nos autoroutes comme du mauvais cholestérol. Les chiens hurlent d’anxiété alors que leurs propriétaires disparaissent mystérieusement. Un million de préparations pour faire lever le pain ont été laissées pour compte. La vie pré-pandémique est de retour et les Canadiens sont plus que jamais déterminés à la vivre à fond.Qu’est-ce que cela signifie pour nos politiciens? Rasé de près et manches de chemise retroussées, Justin Trudeau pourrait bien canaliser un peu de nostalgie à la Michael J. Fox – et avec raison. Selon un nouveau sondage d’Ipsos, les principales préoccupations des Canadiens sont les soins de santé, l’accessibilité financière et le coût de la vie, les changements climatiques et l’économie – les mêmes problèmes qu’ils ont énumérés avant que la COVID ne vienne bouleverser leur vie au début de 2020.«Je crois que beaucoup de stratèges pensaient que la performance du gouvernement durant la crise de la COVID serait le grand élément caractéristique de cette campagne», a déclaré le président d’Ipsos, Darrell Bricker. Au lieu de cela, «ce qui était auparavant urgent est maintenant remplacé par ce qui était auparavant le plus important.»Pour les libéraux, c’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Bonne, dans le sens où il semble que la critique de leur gestion de la pandémie ne soit pas prise en compte lors de la campagne. Les conservateurs ne marqueront pas de points en se plaignant du manque de contrôles aux frontières, des fiascos des hôtels de quarantaine ou des retards dans la campagne de vaccination – autant de faiblesses qu’ils ont dénoncées au cours des 18 derniers mois. Ils devront se tourner vers d’autres problèmes, faisant de toutes les heures qu’ils ont passées à élaborer une stratégie «de blâme et de honte» une précieuse perte de temps de préparation.Mais une campagne COVID-légère pourrait également s’avérer utile aux conservateurs, car lorsqu’il s’agit de gérer la pandémie, Ipsos a constaté que 40% des électeurs perçoivent les libéraux comme les plus compétents, tous les autres partis trainant de la patte plus de 20 points derrière eux. Si les partis d’opposition fondaient leur campagne sur la COVID, ils pourraient en fait aider aux chances de réélection du gouvernement, pas à leur nuire.Alors, que devraient faire les rivaux de Trudeau? Pour les conservateurs, c’est l’économie, stupide. Trente-cinq pour cent des électeurs qui mentionnent les questions économiques comme leurs principales préoccupations préfèrent les conservateurs, une avance de huit points sur les libéraux. Avec des déficits massifs, une dette fédérale dépassant la barre des mille milliards de dollars, un marché de l’immobilier refusant de se refroidir, et gonflant rapidement les prix à la consommation, et la «Grande démission» menaçant d’entraîner des pénuries de main-d’œuvre, tout le monde, des travailleurs aux patrons, est enclin à ressentir une petite anxiété financière. Si les conservateurs peuvent centrer les élections sur l’emploi et l’économie, ils pourraient faire des gains et priver les libéraux de la majorité qu’ils espèrent obtenir.Quant au NPD, il devrait tout mettre en œuvre pour capitaliser sur le dysfonctionnement du Parti vert et aller chercher ses électeurs. Le soutien aux Verts a diminué de moitié, à 3%, depuis que le parti a implosé à cause d’opinions sur Israël. Pendant ce temps, le chef du NPD, Jagmeet Singh, courtise la communauté TikTok, attirant des électeurs plus jeunes désabusés par les facéties vertes ou les promesses non tenues des libéraux, en particulier envers les peuples autochtones. Ensemble, les milléniaux et la génération Z représentent 40% de l’électorat. Si Singh peut capitaliser sur leurs préoccupations – et les amener aux urnes –, les conservateurs et les libéraux pourraient être surpris.Pour ce qui est du Bloc Québécois, un sondage Léger réalisé au début du mois de juillet indique que le parti compte sur l’appui de 32% des électeurs décidés au Québec – comparativement à 31% pour les libéraux. Les conservateurs ne sont le choix que de 17% des répondants et les néo-démocrates, 13%. Le chef du Bloc, Yves-François Blanchet, mise sur la position par défaut de son parti en tant que défenseur des intérêts du Québec, comme dans le cas de son industrie forestière, et profite du temps chaud et de la tombée des restrictions pandémiques pour attaquer le circuit provincial des barbecues cet été.Ainsi, bien que les libéraux maintiennent une avance globale dans les sondages, l’élection pourrait bien être décidée par la question qui dominera la conversation. Et il semble que ce ne sera probablement pas la COVID. Ce qui soulève la question: pourquoi donc avons-nous besoin d’une élection? Eh bien, pour la même raison que les gouvernements minoritaires y ont toujours recours: parce qu’ils pensent qu’ils peuvent gagner une meilleure main. Retour vers le futur, en effet.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

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