Un parti politique des Premières Nations pourrait faire bien plus que les gestes vides de Trudeau

Arborant une nouvelle bouille fraîchement rasée, Justin Trudeau semble prêt à l’attaque. Au cours des derniers jours, le premier ministre a visité une clinique de vaccination à Kanata, en Ontario, distribué de l’argent à une aciérie de Sault Ste. Marie, en Ontario, et nommé la première gouverneure générale autochtone du Canada, Mary Simon. Il se prélasse dans les grands titres qui lui prédisent la victoire aux élections attendues en septembre. Trois sondages récents indiquent que le pourcentage de soutien des électeurs des libéraux se situe dans les 30%, tandis que les conservateurs et le NPD languissent respectivement au milieu et au bas du 20% – garantissant en quelque sorte à Trudeau un gouvernement majoritaire, si des élections avaient lieu aujourd’hui.L’énergie d’avant-campagne de cette semaine contraste avec celle de la semaine dernière, lorsque le premier ministre parlait de contrition et de réconciliation. Les grands titres étaient bien différents, alors que le Canada était en proie à l’horreur et à la culpabilité à la suite d’informations faisant état de tombes anonymes de plus de 1300 enfants trouvées dans trois anciens pensionnats. Jeudi dernier, le premier ministre a déclaré: «En cette fête du Canada, renouvelons l’engagement d’apprendre les uns des autres et de nous écouter afin que nous puissions abolir les barrières qui nous divisent, rectifier les injustices de notre passé et construire une société plus juste et équitable pour tous.»Trudeau s’est bien abstenu de mentionner que deux jours avant la fête du Canada, une autre Première nation s’était jointe à un recours collectif contre le gouvernement fédéral concernant des avis d’ébullition à long terme qui existent toujours dans plus de 50 communautés autochtones, malgré la promesse électorale de 2015 des libéraux d’y mettre fin. Et que sous la direction de son parti, le gouvernement fédéral a dépensé près de 100 millions de dollars sur trois ans pour combattre les communautés autochtones devant les tribunaux – plus que le gouvernement conservateur de Stephen Harper au cours d’une même période – malgré la promesse de rejeter cette approche «accusatoire» et «profondément préjudiciable».Ou que sa ministre des Affaires autochtones, Carolyn Bennett, a récemment été forcée de s’excuser après avoir envoyé un texte des plus insultants à Jody Wilson-Raybould, autrefois ministre autochtone vedette des libéraux et maintenant députée indépendante, après que Wilson-Raybould eut interpelé Trudeau pour lui dire de se concentrer à se faire réélire, plutôt que d’intervenir sur diverses questions autochtones.Wilson-Raybould sait de quoi elle parle. En 2018, trois ans après avoir vanté sa nomination historique au cabinet, Trudeau l’a jetée sous l’autobus – et hors du caucus – alors qu’en tant que ministre de la Justice et procureure générale, elle avait défié les pressions visant à conclure un accord avec la société québécoise SNC-Lavalin pour lui permettre d’éviter des accusations de fraude et de corruption.Malgré cette expérience, ainsi que celle de la députée inuite Mumilaaq Qaqqaq, qui a récemment annoncé qu’elle quittait un Parlement jugé peu accueillant, l’engagement politique des Premières Nations demeure crucial pour faire avancer les questions autochtones. Aller au-delà de la Loi sur les Indiens exige de profonds changements législatifs.Mais cela soulève une question importante. L’engagement devrait-il demeurer au sein des partis politiques existants, ou les dirigeants autochtones en feraient-ils plus en en fondant un nouveau?Des partis autochtones ont déjà été formés au Canada: le Parti des peuples autochtones a été créé en 2005, et le Parti national des Premiers Peuples a contesté des élections entre 2006 et 2011. À l’automne 2020, Rose Lemay, PDG de l’Indigenous Reconciliation Group a mis de l’avant les mérites d’un éventuel parti autochtone dans les pages du Hill Times.Certes, un tel parti serait confronté à de nombreux défis. Alors que 5% de la population canadienne s’identifie comme membre des Premières Nations, Métis ou Inuit, les peuples autochtones sont loin d’être un bloc électoral monolithique. À l’heure actuelle, 630 collectivités des Premières Nations représentent plus de 50 nations et langues. La population autochtone du Canada est également dispersée géographiquement, ce qui dilue son pouvoir de vote dans notre système électoral uninominal à un tour.Mais dans un gouvernement minoritaire ou de coalition, un parti avec même une poignée de députés élus peut exercer un effet de levier. Et si le Canada adoptait un jour la représentation proportionnelle, ce pouvoir et cette représentation pourraient encore augmenter. Un tel parti pourrait défendre les questions autochtones d’une manière qu’aucun grand parti traditionnel ne fait.Plus important encore à notre époque dominée par les médias, le statut de parti attire l’attention de la presse (comme les Verts l’ont démontré) – et potentiellement, une place dans le débat des chefs.Il est peut-être trop tard pour mettre sur pied un nouveau parti si une élection est imminente (les partis doivent s’inscrire 60 jours avant le déclenchement de la campagne), mais il y a toujours l’élection suivante. Un face-à-face entre Jody Wilson-Raybould et Justin Trudeau? Cela ferait une élection à des plus intéressantes à surveiller.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

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Calling an election in August would give Trudeau Liberals best shot at a majority

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A First Nations political party could achieve far more than Trudeau's empty gestures