Un boycott diplomatique de Pékin est une évidence, sauf à Ottawa

À seulement deux mois des Jeux olympiques d'hiver de Pékin, les États-Unis ont planté leur drapeau. Ou plutôt, ils l'ont retiré, en annonçant un boycott diplomatique des Jeux. Lundi, l'attachée de presse de la Maison Blanche, Jen Psaki, a annoncé que Washington ne contribuerait pas à la «fanfare» des Jeux olympiques. «La représentation diplomatique ou officielle des États-Unis traiterait ces jeux comme n’importe quelle autre affaire face aux violations flagrantes des droits de l'homme et aux atrocités commises par la RPC (République populaire de Chine) au Xinjiang… Nous ne pouvons tout simplement pas faire cela.»Le concept d'un boycott diplomatique – permettant aux athlètes américains de participer aux Jeux, mais refusant d'envoyer des représentants du gouvernement à l'événement – ​​a été évoqué en mars par le sénateur républicain Mitt Romney. Le président Joe Biden y réfléchissait depuis des semaines. Mais la décision en était une bipartite, la leader démocrate à la Chambre, Nancy Pelosi, ajoutant: «Bien que nous devions soutenir et célébrer nos athlètes, l'Amérique – et le monde – ne peuvent pas donner son accord officiel à ces jeux ou procéder comme s'il n'y avait rien de mal à tenir les Jeux olympiques dans un pays qui commet un génocide et des violations massives des droits humains.»Reste à savoir maintenant si d'autres nations emboîteront le pas? La Russie a déjà dit nyet, critiquant les États-Unis pour avoir politisé les Jeux. Le premier ministre japonais, Fumio Kishida, a seulement déclaré que le pays ferait «ce qui est dans l’intérêt national». L'Australie évalue sa décision, mais pourrait apparemment citer les restrictions liées à la COVID-19, et non les violations des droits de l'homme, comme principale raison de garder ses fonctionnaires chez elle.Et le Canada? Une porte-parole de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a fait la déclaration suivante: «Le Canada demeure profondément préoccupé par les informations troublantes faisant état de violations des droits humains en Chine… Nous continuerons de discuter de cette question avec notre partenaire le plus proche (les États-Unis).» La ministre des Sports Pascale St-Onge a confirmé qu'aucune décision n'avait encore été prise quant à l'adhésion ou non au boycott diplomatique.Les partis d'opposition ne sont pas si équivoques. Le chef conservateur Erin O'Toole a déclaré qu'il pensait qu'un boycott diplomatique était «la meilleure chose que nous puissions faire aux côtés de nos alliés pour faire pression sans faire payer le prix aux athlètes». La porte-parole du NPD en matière d'affaires étrangères, Heather McPherson, a également appuyé l'idée d'un boycott diplomatique.La réponse de la Chine a été, comme on pouvait s'y attendre, belliqueuse. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a menacé de «contre-mesures résolues» et a accusé les États-Unis de «complot» visant à politiser les Jeux. Comme s'ils n'avaient jamais été politisés avant: la liste des boycotts complets ou partiels est aussi longue que votre bras. La Chine elle-même a déployé avidement sa propre politisation des jeux: elle a boycotté ceux de Melbourne en 1956 à cause de la participation de Taïwan et, en 1976, elle a exigé que le premier ministre canadien de l'époque, Pierre Elliott Trudeau, interdise la participation de Taïwan aux Jeux de Montréal. À la suite d'une résolution du Comité international olympique, le pays participe depuis en tant que «Taipei chinois».Mais soyons francs: l'administration Biden ne se contente pas de riposter contre les horreurs que la Chine inflige à sa minorité ouïghoure ou son éviscération des libertés à Hong Kong. Des enjeux géopolitiques beaucoup plus vastes sont en jeu. Le gouvernement chinois poursuit un programme expansionniste depuis des décennies, depuis sa présence navale agressive en mer de Chine méridionale, ses menaces politiques croissantes contre l'indépendance de Taiwan et ses politiques économiques de la Ceinture et de la Route. Sa stratégie du Front uni déploie un vaste réseau de groupes pour influencer les médias étrangers et manipuler la vaste diaspora du pays. Cette semaine encore, un briefing pour les services de renseignement du Canada a expliqué comment l'infiltration de la RPC dans les affaires canadiennes est devenue «normalisée», y compris l'ingérence largement signalée lors des dernières élections fédérales, sans parler de la menace croissante de la Chine en matière de cybersécurité.Des groupes de défense des droits humains appellent depuis des mois à un boycott à grande échelle des Jeux, y compris le retrait des athlètes de la compétition. Alors que certains critiques disent qu'un boycott diplomatique est une réponse trop faible, la revue des boycotts complets passés suggèrent qu'en plus de briser les rêves de nos athlètes, ils n'ont probablement rien accompli de plus que ce qu'un boycott diplomatique aurait accompli.Alors, le Canada devrait-il se joindre aux États-Unis et garder ses fonctionnaires chez eux? Oui. Toutes les nations qui croient en la démocratie et la liberté devraient prendre position. On peut être en faveur du sport tout en refusant d’appuyer le spectacle.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

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