Trudeau s’ennuiera probablement de notre «Parlement pandémique» sans compte à rendre

Si vous vous intéressez le moindrement à la politique fédérale, la fin de la pandémie ne peut pas arriver assez tôt. Depuis plus d’un an, les Canadiens sont gouvernés par la démocratie Zoom: périodes de questions, comités parlementaires, conférences de presse; tout est virtuel. Ce n’est pas comme si nous avions beaucoup d’options alors que trois vagues de COVID-19 ont déferlé sur le pays. Mais alors que cette triste session parlementaire touche à sa fin, il est à espérer que le Canada n’aura pas à revoir ce mauvais film.Pourquoi? Parce que la situation a rendu presque impossible l’existence d’un gouvernement redevable de ses actions. Vous ne pouvez pas avoir des règles du jeu équitables pendant la période des questions alors qu’une personne est dans la salle et l’autre ne l’est pas. Les médias ne peuvent pas talonner un politicien dans un couloir du cyberespace. Et la plupart des Canadiens sont trop occupés à essayer de demeurer sains d’esprit pendant cette crise pour prêter une quelconque attention aux diatribes des politiciens sur Twitter.En plus de cela, personne ne voulait d’élections durant les confinements, et les libéraux le savaient. Par conséquent, ils se sont davantage comportés comme un gouvernement majoritaire que comme un gouvernement minoritaire, faisant adopter un projet de loi budgétaire de type léviathan, mettant fin abruptement au débat sur les modifications apportées par le projet de loi C-10 à la Loi sur la radiodiffusion et déposant des changements radicaux à la Loi sur les langues officielles quelques jours avant que le Parlement ne sonne le temps de la récréation pour l’été.Les Canadiens ont également eu droit cette semaine à l’étrange spectacle d’un fonctionnaire de Santé Canada convoqué à la Chambre pour fournir des documents que le gouvernement a refusé lui-même de divulguer, au sujet du licenciement de deux microbiologistes chinois d’un laboratoire gouvernemental à Winnipeg, il y a deux ans. La ministre de la Santé, Patty Hajdu, a affirmé que des problèmes de sécurité nationale empêchaient leur publication; les partis d’opposition, eux, soupçonnent qu’embarrasser le gouvernement, à un moment où les relations du Canada avec la Chine font l’objet d’un examen minutieux, est la véritable préoccupation.Le point culminant, cependant, a sans doute été la publication cette semaine d’un rapport libéral partisan sur des allégations d’inconduite sexuelle dans l’armée. L’ancien chef des Forces armées canadiennes est accusé d’abus de pouvoir flagrant et même d’avoir eu des enfants avec une subordonnée. Son successeur a pour sa part fait l’objet d’une nuée d’allégations de harcèlement sexuel à peine trois semaines après le début de son mandat. Des témoins du comité de la défense de la Chambre des communes ont déclaré que le personnel du cabinet du premier ministre et le ministre de la Défense nationale lui-même étaient au courant d’accusations possibles pendant et après le processus de nomination – et qu’ils ont fermé les yeux. L’opposition accuse le gouvernement de dissimulation et exige que d’autres membres du personnel du Cabinet du premier ministre témoignent devant le comité.Mais au lieu de permettre au comité d’entendre ces témoins et de terminer son travail, les libéraux ont mis fin au débat et ont publié leur propre rapport partisan sur le sujet, court-circuitant non seulement l’opposition, mais la procédure régulière elle-même. Les réactions ne se sont pas fait attendre. Pour reprendre les termes du membre conservateur du comité, James Bezan: «En regardant toutes ces manigances politiques se dérouler, je n’ai jamais été aussi découragé d’être membre de ce comité depuis maintenant 10 ans.»Et il n’y a pas que l’opposition qui partage ce point de vue. Cette même semaine, l’ombudsman militaire du Canada, Gregory Lick, a publié une critique de la conduite du gouvernement des plus virulentes. «Lorsque les dirigeants ferment les yeux sur nos recommandations et nos préoccupations afin de faire avancer les intérêts politiques et assurer leur propre survie ou leur avancement professionnel, ce sont tous les membres de la communauté de la défense qui en subissent les conséquences», a déclaré Lick, avant de conclure que l’incapacité du gouvernement et de l’armée de faire face à l’inconduite sexuelle est directement liée à un manque d’imputabilité.En effet, le manque d’imputabilité défini assez bien notre Parlement en temps de pandémie. Bien que les débats en personne ne soient pas une garantie d’un bon gouvernement, ils placent au moins leurs acteurs dans un même espace physique, ce qui offre un plus grand sentiment de responsabilité. Au lieu de cela, le gouvernement a été fermement aux commandes, surtout en ce qui concerne le calendrier des élections.Il est clair que les libéraux ont planifié tout cela depuis des mois: une première dose, l’été; une seconde dose, les élections. Espérons simplement que la prochaine fois que le nouveau Parlement se mettra au travail, ce ne sera pas par l’entremise de la plateforme Zoom.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

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A First Nations political party could achieve far more than Trudeau's empty gestures

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