Trudeau prépare déjà les prochaines élections avec un gros cabinet

Qui est inclus, qui est exclus, et qu’est-ce que tout cela signifie? Alors que le nouveau cabinet libéral saisi ses portefeuilles pour la 44e législature du Canada, une chose est claire: ce gouvernement est un gros gouvernement. Il vise également à renforcer le soutien dans les endroits où les libéraux veulent gagner plus de votes la prochaine fois, comme le Québec, tout en renforçant les liens régionaux du parti à travers le pays. Il maintient non seulement la parité entre les sexes, mais place les femmes dans des positions de pouvoir, répond aux priorités politiques nationales et fait avancer les ambitions de certains futurs candidats potentiels à la direction du Parti libéral.Tant les ministères que les visages le confirment. Fini le ministère de la prospérité de la classe moyenne; ces jours-ci, tous les Canadiens surveillent leur portefeuille et beaucoup se tournent vers Ottawa pour obtenir un coup de main. Il n’est donc pas surprenant que les principaux acteurs comprennent la vice-première ministre et ministre des Finances, favorable aux dépenses, Chrystia Freeland, qui vient d’annoncer 7 milliards de dollars supplémentaires de soutien pour contrer les effets de la pandémie. Pendant ce temps, le nouveau ministère du Logement, qui sera dirigé par l’ancien ministre de l’Immigration Ahmed Hussen, promet un programme interventionniste qui comprend 1 milliard de dollars de prêts et de subventions pour convertir les locataires en propriétaires.François-Philippe Champagne, ministre de l’Innovation, des Sciences et du Commerce, est un autre acteur clé du programme d’abordabilité, un portefeuille essentiel alors que le gouvernement se concentre sur la reprise économique post-pandémique. Le tourisme, l’un des secteurs les plus durement touchés de l’économie, a son propre ministère autonome, dirigé par l’Albertain Randy Boissonnault, un choix qui sert aussi de main tendue vers l’Ouest. À la lumière de la performance terriblement impopulaire du premier ministre de l’Alberta Jason Kenney et de la récente élection de l’ancien ministre libéral Amarjeet Sohi à la mairie d’Edmonton, les libéraux sentent une occasion de saper dans le vote des conservateurs en Alberta lors du prochain scrutin fédéral.La représentation régionale – alias la quête d’un gouvernement majoritaire – est clairement une autre priorité du nouveau cabinet. Toutes les agences de développement régional ont désormais un ministre directement responsable de leur gestion, dont l’ancien ministre de la Défense Harjit Sajjan, qui s’occupera de l’Agence de développement économique du Pacifique Canada, ainsi que du développement international. Pourquoi Sajjan demeure-t-il au cabinet après sa mauvaise gestion des scandales d’inconduite sexuelle militaire? Mystère. Le premier ministre pense peut-être que tout cela peut être compensé en donnant la priorité à la parité des sexes au sein du cabinet? Non seulement la moitié des ministres sont des femmes, mais elles occupent maintenant certains des postes les plus élevés généralement occupés par des hommes, notamment la Défense, les Finances, les Affaires étrangères et le Conseil du Trésor.Enfin, le Québec est un grand gagnant: ses députés ont obtenu le quart des sièges au cabinet. En plus de Champagne, qui avec Freeland est présenté comme un éventuel futur candidat à la direction, le Québécois Jean-Yves Duclos passe à la Santé, Steven Guilbeault à l’Environnement et aux changements climatiques et l’ancienne ministre du Patrimoine, Mélanie Joly, passe aux Affaires étrangères. Marie-Claude Bibeau reste dans l’agriculture et l’agroalimentaire, tandis que Mona Fortier obtient le Conseil du Trésor, et le vaillant soldat Pablo Rodriguez entre au Patrimoine et obtient le rôle de lieutenant du Québec.Ingénierie électorale mise à part, le nouveau cabinet est clairement conçu pour répondre aux plus grandes préoccupations des électeurs en ce moment. Un récent sondage d’Abacus Data révèle que selon les Canadiens les soins de santé et les campagnes de vaccination, le coût de la vie et du logement, et les changements climatiques devraient être les principales priorités du nouveau Parlement. Le déficit, les progrès en matière de réconciliation autochtone, la compétitivité économique et les pénuries de main-d’œuvre figurent toujours dans le top 10, mais se classent beaucoup plus bas dans la liste. Il convient de noter en particulier le manque de soutien pour «la mise en œuvre d’un programme national de garderies», qui était le premier choix de seulement 15% des électeurs et de seulement 17% des électeurs libéraux.Attendez-vous donc à ce que le nouveau cabinet introduise de nouvelles taxes pour financer des dépenses plus extravagantes, et ne s’inquiète pas des déficits, pour plutôt les écarter en se concentrant sur le ratio dette/PIB à mesure que l’économie se développera. Alors que l’on pourrait penser qu’une hausse de l’inflation (et, inévitablement, des taux d’intérêt) mettrait un frein à ces plans, un coût de la vie plus élevé permettra aux libéraux de justifier leurs interventions au besoin pour aider les Canadiens à retrouver une certaine normalité après ces deux années de COVID-19. Est-ce que tout cela ira bien? C’est discutable. Mais c’est le pari que font clairement les libéraux.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

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