Trudeau minimise l’importance des preuves d’ingérence électorale chinoise

La preuve est faite, et le tour est joué: le gouvernement chinois s’est ingéré dans deux élections fédérales canadiennes. Il l’a fait de manière agressive et avec des résultats tangibles.Selon des documents du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) obtenus par le Globe and Mail, des agents du Parti communiste chinois (PCC) ont orchestré des dons en espèces pour des campagnes politiques, ont demandé à des propriétaires d’entreprises d’embaucher des «bénévoles» pour des campagnes électorales spécifiques et se sont vantés qu’il est «facile d’influencer les immigrants chinois pour qu’ils soient d’accord avec la position de la République populaire de chine».Le but: installer un gouvernement libéral minoritaire. Selon un responsable consulaire chinois, Pékin «aime que les partis au Parlement se battent les uns contre les autres, alors que s’il y a une majorité, le parti au pouvoir peut facilement mettre en œuvre des politiques qui ne favorisent pas la République populaire de chine».Cette information s’appuie sur les révélations précédentes du journaliste de Global News, Sam Cooper, et du journaliste de Postmedia, Tom Blackwell. Cooper a rapporté en décembre dernier que le Conseil privé avait publié une note de sécurité nationale en février 2020 documentant les «réseaux d’ingérence étrangère subtils mais efficaces» de la Chine lors des élections de 2019.Blackwell a signalé en novembre l’existence d’un groupe appelé le Chinese Council for Western Ontario Elections, dont l’objectif déclaré est d’incuber des candidats qui soutiennent les intérêts de la communauté chinoise, mais dont l’adresse est la même que celle d’un «poste de police» chinois utilisé pour intimider les Chinois expatriés au Canada.En juin dernier, l’ancien chef conservateur Erin O’Toole a déclaré que les conservateurs avaient perdu huit ou neuf sièges en 2021 en raison de l’ingérence étrangère. Les documents du SCRS révèlent que l’ancienne consule générale de Chine à Vancouver, Tong Xiaoling, s’est vantée d’avoir aidé à vaincre deux candidats conservateurs en 2021.L’un d’entre eux serait l’ancien député conservateur Kenny Chiu, qui a fait l’objet d’une campagne de désinformation. Les électeurs ont été informés que les conservateurs interdiraient WeChat, un réseau de médias sociaux chinois populaire, et que leur projet de registre des agents étrangers ciblerait tous les citoyens canadiens d’origine chinoise.Le premier ministre Justin Trudeau a minimisé l’importance des rapports du SCRS et a déclaré que les documents divulgués sont un signe que l’organisation doit revoir ses mesures internes de sécurité.Dire que c’est pathétique serait un euphémisme. À moins que Trudeau ne prenne des mesures immédiates et décisives pour mettre fin à cette ingérence, non seulement échouera-t-il à reconstruire sa crédibilité en lambeaux en matière de sécurité nationale, mais il sapera la démocratie même qu’il prétend servir.Trois mesures doivent être prises immédiatement. Premièrement, le Parlement devrait établir un registre des agents étrangers semblable à celui adopté par l’Australie, afin d’obliger toute personne agissant au nom d’un gouvernement étranger à enregistrer ses activités de lobbying — une mesure qui bénéficie d’un fort soutien parmi les Canadiens.Deuxièmement, le Canada devrait expulser les diplomates qui se mêlent des élections et minent la démocratie canadienne. David Mulroney, ancien ambassadeur du Canada en Chine, a récemment déclaré à un comité parlementaire que «ne pas le faire ne fait qu’encourager une ingérence de plus en plus effrontée».Troisièmement, les forces de l’ordre ont besoin de plus de ressources pour lutter contre le crime organisé, y compris les opérations de blanchiment d’argent liées à des États étrangers comme la Russie, l’Iran et la Chine. C’est un moyen efficace d’endiguer la marée d’argent utilisée par les agents étrangers pour influencer les politiciens et affecter les résultats des élections.Le gouvernement fédéral ne doit pas attendre pour agir. Non seulement à cause des prochaines élections fédérales, mais à cause d’autres élections qui se profilent à l’horizon. L’Alberta et le Manitoba se rendent aux urnes cette année. Et la plus grande ville du Canada, Toronto, choisira un nouveau maire, peut-être dès juin, un poste qui s’accompagne désormais de pouvoirs accrus.Pourtant, tout cela est retardé, du moins en partie, parce que Trudeau ne veut pas être qualifié de raciste. Le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendocino, a déjà pensé qu’un registre des agents étrangers pourrait stigmatiser les communautés qui se sont senties ciblées par les agences de sécurité dans le passé.Ce qu’il faut préciser, c’est que ces mesures ne visent pas les Canadiens d’origine chinoise. Ils ciblent le gouvernement étranger qui veut en abuser. Tenir tête au PCC en 2023 n’est pas différent de dénoncer l’URSS en 1983. Ce n’est pas une question de race, c’est une question de droits: le droit de voter comme on veut, sans manipulation – ni inquiétude.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

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Holding Trudeau to account for China’s election interference demands a smarter Conservative party

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Trudeau shrugs as evidence of Chinese electoral interference mounts