Si Trudeau se soucie vraiment des Canadiens d'origine chinoise, il ordonnera une enquête publique complète
Imaginez qu'une communauté de près de deux millions de Canadiens soit ciblée par un gouvernement étranger. Que ces Canadiens soient harcelés, menacés et réduits au silence. Le gouvernement canadien ne devrait-il pas aider cette communauté et la protéger de l'intimidation? Ne devrait-il pas faire plus que simplement la courtiser pour obtenir des votes au moment des élections?La réponse est oui.Bienvenue dans la réalité de la diaspora chinoise au Canada.Pendant des décennies, les Canadiens d'origine chinoise ont été soumis à une pratique connue sous le nom de «répression transnationale» par le Parti communiste chinois (PCC). Les méthodes du PCC sont légion: contrats d'affaires accordés ou annulés sur la base d'une volonté de se conformer à la ligne de Pékin, «postes de police» mis en place au Canada afin de rapatrier de force les expatriés qui représentent une «menace» pour les intérêts de la Chine, des électeurs se faisant dire pour qui voter ou leur famille restée en Chine en souffrirait.Vous ne me croyez pas? Demandez à Cherie Wong, directrice exécutive d'Alliance Canada Hong Kong. Cette femme courageuse s'est adressée à l'émission Power and Politics de CBC vendredi dernier. (Si vous n'avez pas regardé cette entrevue, vous le devez). Wong n’y va pas par quatre chemins: «Il existe un climat de peur au sein de la communauté sino-canadienne», a-t-elle déclaré. «Les membres de la diaspora ont choisi de se taire parce qu'ils ne veulent même pas prendre le risque de provoquer la colère du régime.»C'est parce que ceux qui parlent s'exposent à des représailles. L'ancienne Miss Monde du Canada, Anastasia Lin, a raconté qu'après avoir remporté son titre en 2015, des agents de sécurité ont menacé son père, lui disant que sa fille «ne pouvait pas parler» des problèmes des droits de l'homme en Chine. Le China Democracy Fund a rapporté qu'en 2020, Louis Huang, co-fondateur du Vancouver Chinese Human Rights Watch Group, a été tabassé par deux hommes qui auraient été envoyés par Guo Wengui, également connu sous le nom de Miles Guo, un homme qui, selon Huang, est un ancien espion travaillant pour le Ministère chinois de la Sécurité d'État.Et dès 2006, les militants Cheuk Kwan et Sheng Xue ont averti le Comité des affaires étrangères de la Chambre des communes de la volonté de Pékin de «tout contrôler», y compris les activités des Canadiens. «Mais chaque fois que nous parlions au gouvernement, nous avions l'impression de monter un spectacle et de les aider à cocher des cases qu'ils entendaient de la part des critiques», a récemment déclaré Kwan au Toronto Star. «Rien n'a été fait.»La répression transnationale est utilisée pour étendre le pouvoir de la Chine, propager un narratif pro-chinois et soutenir les positions et les individus pro-chinois. La désinformation est souvent utilisée, notamment lors des élections, comme dans le cas de l'ancien député conservateur Kenny Chiu, qui a fait l'objet d'une campagne du PCC sur la plateforme de médias sociaux WeChat - qui lui a probablement fait perdre son siège en 2021.Influez sur quelques circonscriptions, placez des partisans au sein du gouvernement et vous pouvez contrôler la direction d'un pays. Et le Canada est tout un prix. Notre nation est riche de ce dont l'économie chinoise a besoin, y compris les minéraux et les combustibles fossiles. Nous sommes stratégiquement situés à côté de la plus grande superpuissance mondiale et plus grand rival de la Chine: l'Amérique.Ainsi, au lieu d'offrir un refuge aux personnes fuyant le régime chinois, le Canada est devenu un pôle d'attraction pour la répression transnationale. Il est également devenu un pôle d'attraction pour le crime organisé du PCC. Consterné par le taux astronomique de surdoses de fentanyl dans le Vancouver East Side? Vous êtes-vous déjà demandé d'où venaient ces médicaments? Lisez Willful Blindness, du journaliste Sam Cooper, qui a publié de nombreux reportages sur l'infiltration du PCC, et vous découvrirez que la piste mène directement à Pékin.Comment le Canada peut-il riposter? Plusieurs mesures, telles qu'un registre des agents étrangers, des pouvoirs de police supplémentaires et des rapports d'enquête seraient utiles. Mais d'abord, nous devons connaître l'étendue du problème et qui est impliqué.Cela nécessite bien plus qu'un «rapporteur» spécial nommé par le premier ministre pour examiner les élections fédérales de 2019 et 2021, ou même une commission parlementaire, comme Justin Trudeau l'a annoncé hier. Cela nécessite une enquête publique complète sur la répression transnationale dans de multiples sphères de la vie canadienne: la politique, les affaires, les médias et le milieu universitaire. Cela nécessite un soutien aux dénonciateurs et la garantie de sécurité aux citoyens canadiens d'origine chinoise qui sont intimidés par Pékin.Si le premier ministre se soucie vraiment des droits des Canadiens d'origine chinoise, il déclenchera une telle enquête. S'il veut juste leurs votes, peu importe comment ils sont obtenus, alors il ne le fera pas.Les Canadiens attendent la réponse.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post