Qui colonise qui aujourd’hui ?
Que signifie « décoloniser » ? Pour les universitaires, il s’agit de se débarrasser des institutions ou des modes de pensée imposés par la colonisation. D’éliminer les structures de pouvoir imposées à une culture par une autre, souvent par la force. Et, dans certains cas, de se débarrasser des colonisateurs eux-mêmes.
Aujourd’hui, cependant, le mot prend aussi un autre sens. Celui d’éliminer l’influence occidentale et judéo-chrétienne dans tous les domaines. La méthode scientifique est considérée comme « coloniale » parce que les efforts britanniques pour améliorer l’hygiène étaient « entremêlés à la tentative de leur pays de conquérir un quart du monde », apprend-on dans un article du Smithsonian Magazine1. Le capitalisme est considéré comme « colonial » parce qu’il s’est développé aux Pays-Bas, et ce, dès la période médiévale2. Selon cette approche, le colonialisme ne fait qu’un avec les systèmes et la pensée des puissances européennes occidentales, qui sont dépeints comme oppressifs et néfastes. Il est maintenant à la mode d’être anticolonial, de réciter des reconnaissances territoriales et de se qualifier de « colon » simplement parce qu’on habite au centre-ville de Montréal.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment la décolonisation est-elle passée d’un mouvement de libération réel (comme la fin de la domination britannique en Inde) à un sujet universitaire (la décolonisation des « systèmes » comme le capitalisme), puis à un slogan marketing (« J’aime mon café décolonisé », par exemple) ?
Et pourquoi la colonisation est-elle uniquement associée à l’Occident, alors qu’elle a été pratiquée par toutes les grandes puissances tout au long de l’histoire et continue d’être perpétrée aujourd’hui, notamment par deux adversaires de l’Occident, la Chine et la Russie ?
Lire la suite: La Presse Plus