Québec: Poilievre courtise les libéraux mécontents qui en ont marre de Trudeau

Les différends constitutionnels canadiens sont comme des zombies. Juste au moment où vous pensez qu'ils sont morts et enterrés, ils ressuscitent, cherchant de nouvelles victimes. Les politiciens les exhument souvent pour améliorer leur position et gagner une élection. Mais ils feraient mieux de se méfier: comme la plupart des monstres, les morts-vivants n'ont aucune loyauté et se retourneront volontiers contre ceux-là même qui les ressusciteront.Cette fois, cette personne pourrait bien être le premier ministre Justin Trudeau. Récemment, Trudeau a mis au jour la lutte contre l'utilisation par les provinces de l'article 33 de la Charte des droits et libertés, alias la clause nonobstant. Dans une entrevue publiée dans La Presse, Trudeau a déclaré que l'utilisation préemptive de cette clause par le Québec et l'Ontario était préoccupante. «Nous banalisons la suspension des droits fondamentaux», a-t-il déclaré.Trudeau est allé encore plus loin: «Un renvoi à la Cour suprême du Canada peut être fait et je peux vous dire que notre ministre de la Justice, David Lametti, ancien doyen de la faculté de droit de l'Université McGill et fier Québécois, se penche justement sur les voies qui s'offrent à nous à ce sujet.»L'indignation ne s’est pas fait attendre au Québec, où les gouvernements ont régulièrement invoqué la clause dérogatoire aux lois à l'épreuve de la Charte protégeant la langue française. Plus récemment, le premier ministre François Legault l'a fait avec le projet de loi 21, la loi québécoise sur la laïcité, qui interdit à de nombreux fonctionnaires de porter des symboles religieux au travail, et le projet de loi 96, qui limite l'utilisation de l'anglais dans la fonction publique et plafonne le nombre d'étudiants autorisés dans les collèges anglophones.En guise de réponse, Legault a tweeté à Trudeau que ses commentaires étaient «une attaque frontale» contre la démocratie et le peuple québécois et que «le Québec n'acceptera jamais un tel affaiblissement de ses droits. Jamais!» Mais lundi, le premier ministre Trudeau en a remis: «J'ai souvent dit que je déplorais toute tentative des provinces et des territoires d'utiliser la clause dérogatoire pour suspendre des droits fondamentaux sans passer par les tribunaux», a-t-il déclaré lors d'un point de presse à Toronto.Pourquoi choisir ce combat, et pourquoi maintenant? Pourquoi Trudeau voudrait-il contrarier les électeurs de la province où il est le plus populaire? Les libéraux jouissent d'une énorme avance sur les conservateurs au Québec. La semaine dernière, Abacus plaçait les libéraux à 37%, les conservateurs à 17%, le Bloc québécois à 30% et le NPD à 7% dans la province.La réponse se trouve au Bloc. Le parti est devenu un véritable «terrain de stationnement» pour les électeurs québécois mécontents des deux principaux partis fédéralistes. Mais la formation est aussi traditionnellement considérée comme la clé de fortune des conservateurs, s'ils parviennent à libérer ses partisans. Les conservateurs ont tenté à plusieurs reprises de le faire en courtisant le vote nationaliste doux, avec peu de succès, remportant seulement 10 sièges et 19% des voix lors des dernières élections.La semaine dernière, le chef conservateur Pierre Poilievre a lancé sa propre opération de charme dans la province, mais avec une stratégie différente. En entrevue à Radio-Canada, il a affirmé que «les Québécois ont les mêmes préoccupations que les autres Canadiens», laissant entendre qu'il ne s'engagera pas sur la voie nationaliste. Plutôt que de courtiser les électeurs légèrement souverainistes, il semble courtiser les électeurs libéraux mécontents et la frange conservatrice provinciale, en insistant sur des questions telles que le coût de la vie. «Qu'est-ce que (Trudeau) a fait pour l'économie et l'environnement», a-t-il demandé lors d'un arrêt à Trois-Rivières. «Sur le plan économique, nous avons le taux d'inflation le plus élevé des dernières 40 ans. Et il a doublé la dette nationale.»Bien que Trudeau songe peut-être utiliser la division nationaliste-fédéraliste comme sujet polarisant, cela ne fonctionnera que si les conservateurs jouent le jeu. Jusqu'à présent, ils ne le font pas. Et si Legault déploie sa propre armée politique contre les libéraux fédéraux lors des prochaines élections, même une apocalypse zombie ne sauvera pas la peau de Trudeau.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

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