Préparez-vous à des hausses d’impôts pour payer les dépenses des libéraux
Enfin, les Canadiens découvrent le véritable état des finances du pays. Le choix du moment est purement politique: quelques jours seulement avant que la Chambre ne lève ses travaux pour la période des Fêtes, et lorsque le Canadien moyen est trop occupé à préparer ses vacances de Noël pour y prêter beaucoup d’attention. Pendant ce temps, le gouvernement fait face à la tempête parfaite: hausse des taux d’inflation, dispositions du Buy American Act, une multitude de promesses électorales coûteuses et une mise à niveau attendue depuis longtemps pour les sous-paiements aux enfants autochtones, à hauteur de 40 milliards de dollars.Et puis il y a Omicron. Alors que des industries comme celles de l’hôtellerie, du divertissement et de la vente au détail se remettent à peine sur pied, le nouveau variant menace de les remettre à genoux. C’est alors qu’entrent en jeu la mise à jour «Omicron-centrée» de la ministre des Finances Chrystia Freeland promettant un fonds de 4,5 milliards de dollars pour une «réponse variable», plus des milliards supplémentaires pour des tests rapides, des boosters, des antiviraux, des déductions pour le télétravail, des crédits d’impôt pour les fournitures scolaires et de nouvelles subventions pour les entreprises.Vous vous souvenez des 7 milliards de dollars déjà prévus dans le nouveau projet de loi du gouvernement fédéral sur l’aide en cas de pandémie, le projet de loi C-2? Il menace de devenir juste une autre goutte dans le gros, gros seau qui commence à ressembler de plus en plus à une piscine.Mais pendant combien de temps encore Léviathan peut-il garder les robinets ouverts? Le gouvernement croule déjà sous les dettes, au dernier décompte pour près de 1,2 billion de dollars. Le déficit de l’année dernière était de 354,2 milliards de dollars; cette année, grâce à des revenus plus élevés que prévu, 144,5 milliards de dollars. À un moment donné, le créancier voudra être payé et l’argent devra venir de quelque part.Cesser de dépenser ne suffit pas. La croissance économique ne suffit pas. Même les revenus supplémentaires du pétrole et du gaz ne suffisent pas. Contrairement au premier ministre, la plupart des Canadiens savent par expérience que le budget ne s’équilibrera pas de lui-même. Ce qui ne laisse qu’une éventualité: des hausses d’impôts. Et la question n’est pas de savoir s’il y en aura, mais quand en aura-t-il, qui sera ciblé et pour combien?Les riches sont toujours une cible populaire. Selon un sondage Abacus Data commandé en juillet dernier par le Broadbent Institute et l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada, 89% des Canadiens souhaitent que les «ultra-riches» paient un impôt sur la fortune de 1% pour aider à la reprise économique en cas de pandémie. Le NPD s’est fait le porte-étendard d’un tel prélèvement lors des dernières élections et a également appelé à une augmentation de l’impôt sur les gains en capital de 50% à 75%.Ce genre de mesures pourrait s’inspirer d’un nouveau rapport du directeur parlementaire du budget qui a révélé que le 1% des familles canadiennes les plus riches détiennent près de 25% de la richesse du pays, tandis que les 40% les plus pauvres en possèdent un peu plus de 1%. Il y avait environ 160 600 familles dans le premier 1% en 2019, chacune avec une richesse nette d’au moins 6,3 millions de dollars, un juteux citron qui n’attend que d’être pressé.La mise en garde ici est que les gens riches ne sont que cela: des gens. Et qu’ils votent à la fois aux élections et avec leurs pieds, en fonction de l’endroit où ils vivent et paient leurs impôts. Et les impôts sur les gains en capital touchent un large éventail de Canadiens de la classe moyenne, pas seulement le 1% des plus riches.Les libéraux pourraient donc éviter de taxer davantage les riches pour se tourner vers des entités que les gens affectionnent encore moins: les grandes entreprises. Durant les élections, les libéraux ont promis une taxe de 3% sur les banques et les compagnies d’assurance pour aider à payer les nouvelles mesures en matière de logement à hauteur de 2,5 milliards de dollars par année. Malgré un avertissement de la Banque TD selon lequel cela rendrait le secteur financier canadien moins compétitif, cela pourrait être plus facile à vendre aux électeurs qui pourraient croire que les banques ont profité de la pandémie et d’un boom des prêts hypothécaires.Cependant, comme l’a récemment noté l’ancien PDG de RBC, Gord Nixon, les bénéfices des banques ont été touchés au début de la pandémie par les défauts de paiement, et leurs bénéfices sur trois ans n’ont augmenté que de 5%. L’inflation atteignant désormais 4,7%, on ne parle pas vraiment d’un large profit.Enfin, il y a le reste d’entre nous. Alors que les impôts sur le revenu ne sont peut-être pas à l’horizon (pour l’instant), les taxes à la consommation pourraient, elles, l’être. L’argument serait encore une fois que les riches paieraient plus cher de manière disproportionnée et que les Canadiens les plus pauvres pourraient recevoir des rabais. Mais si la fiscalité basée sur la consommation – compensée par une réduction de l’impôt sur le revenu – est une politique économique sensée, politiquement, elle est probablement la moins vendable des trois options.Quelle que soit la décision du gouvernement, il est clair que quelqu’un devra payer en bout de ligne, peut-être dès le budget du printemps. Mais les libéraux doivent faire attention: s’ils ne font pas preuve de retenue, ce sont eux qui pourraient être grillés lors des prochaines élections.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post