Pour tenir Trudeau responsable de l’ingérence électorale de la Chine, il faut un Parti conservateur plus intelligent
Que le diable les emporte! Cette phrase me vient à l’esprit après une semaine qui a vu les libéraux s’agiter, les conservateurs reculer et les électeurs désespérer. L’éthique et le bon sens sont-ils complètement absents à Ottawa?D’abord, c’était le tour des libéraux d’aller au purgatoire. Après les révélations explosives de la semaine dernière selon lesquelles le Parti communiste chinois (PCC) s’est mêlé non pas d’une, mais de deux élections canadiennes, une multitude de nouvelles allégations d’ingérence étrangère ont fait la une des journaux. Naturellement, l’opposition et les médias ont voulu savoir: quelles informations le premier ministre Justin Trudeau avait-il sur tout cela, et quand les a-t-il eues?Mais au lieu de réponses, les Canadiens se sont fait avoir. «C’est la même tactique de type Trump pour remettre en question les résultats des élections», a déclaré la députée libérale Jennifer O’Connell au comité parlementaire sur la procédure et les affaires de la Chambre.Trudeau a utilisé la même ligne: «donner des raisons, des raisons partisanes, se méfier du résultat d’une élection, se méfier des experts d’Élections Canada… c’est quelque chose qu’on a vu ailleurs». Il a ensuite refusé d’ouvrir une enquête publique sur la question de l’ingérence étrangère, malgré les appels de deux de ses propres anciens conseillers.Cela aurait dû être le moment de briller pour l’opposition conservatrice, qui exige depuis des années une action contre l’ingérence du PCC. L’ancien chef conservateur, Erin O’Toole, a mis en garde contre l’influence néfaste de la Chine en 2020; le parti s’est formellement opposé à la participation de Huawei au déploiement de la 5G; le sénateur conservateur Leo Housakos parraine le projet de loi S-237 pour créer un registre des agents étrangers.Mais au lieu de cela, le parti a réussi à voler la défaite des mains de la victoire! Les médias sociaux étaient en feu suite à la publication des photos de trois députés conservateurs – Leslyn Lewis, Colin Carrie et Dean Allison – rencontrant et posant avec Christine Anderson, membre du parti d’extrême droite anti-immigration Alternative for Germany. L’AFG émet des opinions anti-musulmanes, favorise la Russie dans son invasion de l’Ukraine et avait un co-dirigeant qui a qualifié l’Holocauste de «crotte d’oiseau» sur 1000 ans d’histoire allemande.La réaction sur les réseaux sociaux a été rapide et dure. En réponse, le bureau du chef de l’opposition a publié une déclaration attribuée au chef Pierre Poilievre: «Les opinions de Christine Anderson sont viles et n’ont pas leur place dans nos politiques. Les députés n’étaient pas au courant des opinions de cette députée européenne en visite, et ils regrettent de l’avoir rencontrée. Franchement, ce serait mieux si Anderson n’avait jamais visité le Canada. Elle et ses opinions racistes et haineuses ne sont pas les bienvenues ici.»Il y a cependant un problème avec cette déclaration. Une simple recherche Google vous dit tout ce que vous devez savoir sur Anderson. Colin Carrie lui-même a fait référence aux commentaires qu’elle a faits au Parlement européen l’année dernière, lorsqu’elle s’en est prise à Trudeau. Ce sont ces remarques qui l’ont mise sur le radar des anti-Trudeau. Soit les députés sont stupides, soit ils mentent.Certains diront qu’un gouvernement au pouvoir bénéficiant de l’ingérence étrangère est bien pire que des députés de l’opposition prenant des selfies avec une extrémiste étrangère. Dans l’ensemble, oui. Mais les Canadiens ne devraient pas avoir à choisir entre un parti qui se vend au PCC et un parti qui dîne avec des membres de l’extrême droite. Si c’est tout ce que nous avons, nous avons des problèmes bien plus importants.La politique étrangère est rarement un enjeu électoral, mais les libéraux sont maintenant confrontés à la perspective de se faire demander, à chaque nouveau seuil de porte, pourquoi ils refusent de défendre la démocratie canadienne. En ne réclamant pas d’enquête, ils s’exposent à des accusations de corruption du processus politique.Quant aux conservateurs, Poilievre a joué un jeu dangereux avec des résultats tout à fait prévisibles. Il a entretenu le soutien de tous les groupes qui détestent Trudeau, sans égard pour leurs autres positions. Le résultat est que l’aile folle du Parti conservateur n’a pas peur de débiter son point de vue parce que ses partisans se retourneront contre n’importe qui – y compris Poilievre – s’il les critique.Les Canadiens ordinaires qui ne veulent pas s’associer aux vendus et aux coucous sont exclus de cette image. Ils s’effacent et décrochent, laissant toute la place aux voix marginales. La politique tombe encore plus dans le discrédit. Non, ça n’a pas été une bonne semaine pour personne.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post