Mort par blessures: qui veut que Justin Trudeau disparaisse et pourquoi? (Indice: ce n’est peut-être pas qui vous pensez)

La pression monte depuis des mois. Que savait le premier ministre Justin Trudeau des rapports du renseignement sur l’ingérence étrangère dans les élections canadiennes, et quand l’a-t-il su? Pourquoi le SCRS coule-t-il comme une passoire? Pourquoi le premier ministre ne réclame-t-il pas une enquête publique? Ainsi de suite.Puis, 24 heures avant que Trudeau n’accueille le président américain Joe Biden lors de sa première visite d’État à Ottawa, une autre bombe est tombée. Global News a rapporté que le député libéral Han Dong aurait conseillé au consulat chinois de recommander de retarder la libération de prison par la Chine de Michael Kovrig et Michael Spavor en 2021, afin de ne pas «profiter aux conservateurs».Après l’annonce de la nouvelle mercredi, Dong a admis qu’une conversation avait eu lieu mais a nié le contenu présumé. Il a démissionné en larmes du caucus libéral et, le lendemain, a annoncé une poursuite contre Global News. Il a été coulé en plus que le cabinet du premier ministre avait été informé de sa conversation consulaire le 3 mars 2023, mais a déterminé qu’il n’y avait aucune «preuve exploitable» et n’a rien fait de plus – malgré le fait qu’ils avaient apparemment été tenu dans l’ignorance à ce sujet pendant deux ans.À quoi doit-on s’attendre maintenant? C’est comme si quelqu’un sortait tous les couteaux du tiroir, un par un, et les lançait à la tête de Trudeau. Certains coupent profondément, d’autres éraflent à peine la peau. Mais pris ensemble, ils finiront par affaiblir leur cible, peut-être même de façon fatale. Le premier ministre a déjà un taux de désapprobation de 49%, selon le dernier sondage Abacus.Pour être juste, il y a eu d’autres victimes dans la crise actuelle en Chine. Dong et le député provincial de l’Ontario, Vincent Ke, ont tous deux quitté leur caucus respectif. L’élection de Ken Sim à la mairie de Vancouver se trouve sous un nuage de suspicion. On craint que cette affaire n’engendre une vague de racisme anti-asiatique.Mais la personne qui perd le plus, régulièrement et à chaque nouvelle révélation, c’est Justin Trudeau.Cela soulève plusieurs questions: Pourquoi lui? Pourquoi maintenant? Quel est le jeu final? Et qui y joue?Le premier instinct des experts et des politiciens est de blâmer la partisanerie. Les conservateurs n’adoreraient-ils pas éliminer le premier ministre? Des affiches F *** Trudeau du Convoi de la liberté aux gifles répétées de Poilievre sur les réseaux sociaux, le Parti conservateur est devenu un club enragé de «haineux de Trudeau». Ils danseraient dans les rues à sa disparition politique.Mais réfléchissons un instant. Supposons que Trudeau soit tellement blessé qu’il ne puisse plus continuer à exercer ses fonctions. Cela signifie-t-il que le Canada sombrerait dans une élection qui permettrait aux conservateurs de prendre le pouvoir?Pas nécessairement.Cela signifierait plus probablement que Trudeau ferait une promenade sous la neige, démissionnerait et lancerait un processus de leadership au sein du Parti libéral. Ce qui permettrait à un nouveau visage de se présenter, de renouveler la marque libérale, de gagner du temps pendant que le processus se déroule, et d’éliminer la haine de Trudeau comme facteur lors de la prochaine élection.Il n’est donc sans doute pas dans l’intérêt des conservateurs que Trudeau se retire avant la tenue d’un autre scrutin.Pourrait-il y avoir des forces internes à l’œuvre au sein du Parti libéral faisant campagne pour la disparition de Trudeau? Peut-être. Mais collaboreraient-elles avec les responsables des fuites du SCRS et les journalistes? Risqueraient-elles de mettre en marche un train qu’elles ne pourraient pas contrôler, qui pourrait semer la pagaille dans leur parti et, par ricochet, elles-mêmes?Ce niveau de déloyauté et de complot serait machiavélique. Vous devez également être extrêmement habile pour réussir et brouiller les pistes (s’il s’avère que vous l’avez conçu, oubliez votre chance de diriger le parti). C’est juste une intuition, mais je ne pense pas que les libéraux de l’avant-scène aient la volonté ou les compétences nécessaires pour ce genre de boulot.Si ni les conservateurs ni les libéraux ne bénéficieront de l’éviction de Trudeau, alors qui en bénéficiera? C’est la question qui mérite une réponse. Et pour la trouver, nous devrions cesser de nous regarder le nombril et considérer ce qui s’est passé dans le reste du monde alors que ce drame se déroulait dans notre cour arrière.Le mois dernier, Biden a effectué une visite surprise en Ukraine. L’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis ont officialisé le pacte de défense AUKUS. La Chine a négocié un accord de paix entre l’Arabie saoudite et l’Iran. Et le président chinois Xi Jinping et le président russe Vladimir Poutine ont cimenté leur alliance impie.Ce sont les derniers développements dans le réalignement du monde en deux camps opposés, dirigés par les États-Unis et la Chine. Tous deux s’intéressent vivement au Canada et le font depuis très longtemps. Pas simplement en tant qu’allié, mais, malheureusement, en tant qu’usine secondaire et État vassal.Le Canada possède de nombreuses ressources dont les économies chinoise et américaine ont besoin, notamment des combustibles fossiles, des minéraux essentiels, des produits forestiers et de l’eau. Le Canada est également d’une importance géopolitique énorme, assis comme nous le sommes à la frontière américaine, flanqué de trois océans, dont l’un borde également la Russie.Autrement dit, le Canada est un véritable prix. Et cela fait de nous une cible.Nous savons maintenant que les Américains ont mené des opérations de renseignement au Canada dès les années 1990 pour contrer la menace d’une infiltration chinoise croissante chez nous. Pourquoi supposons-nous qu’ils ont cessé de le faire? Qu’ils n’ont pas gardé un œil sur ce qui se passe et qu’ils n’aiment pas ce qu’ils voient? Notamment, l’accélération de l’influence chinoise qui s’est opérée sous la gouverne de Justin Trudeau?Nous avons eu un indice à ce sujet en décembre dernier. C’est à ce moment-là que l’ambassadeur des États-Unis au Canada, David Cohen, a adressé un compliment au Canada pour s’être enfin «réveillé» à la menace d’infiltration chinoise. Après que le Canada eut pris une série de mesures sévères envers la Chine – interdisant les investissements des entreprises d’État chinoises dans les mines canadiennes, annulant un contrat pour l’équipement de communication de la GRC et étudiant officiellement la création d’une liste d’agents étrangers –, Cohen a déclaré à CBC News: «… Je pense que le Canada ne se comporte pas envers la Chine de la manière dont il s’est toujours comporté envers elle… Ils ont clairement pris conscience d’un problème important… Je ne sais pas ce que nous pourrions demander de plus au Canada.»Quoi d’autre en effet? Ou peut-être, comment d’autre?La Chine n’est pas le seul pays à se mêler des élections étrangères. Les États-Unis ont une longue histoire d’infiltration dans la politique d’autres nations. Dans un livre paru en septembre 2020, Meddling in the Ballot Box: The Causes and Effects of Partisan Electoral Interventions (Ingérence dans les urnes: les causes et les effets des interventions électorales partisanes), l’historien américain Dov Levin décrit comment les États-Unis sont intervenus dans le plus grand nombre d’élections étrangères entre 1946 et 2000, 81 d’entre elles, suivies par l’Union Soviétique/Russie avec 36.Fait intéressant, la principale cible de cette infiltration n’était pas un pays en développement, mais l’Italie, où 12 élections ont fait l’objet d’ingérence, principalement de la part des États-Unis. Les tactiques comprenaient des menaces ou des promesses préélectorales, le financement de candidats et la formation des agents des partis aux techniques de campagne et de mobilisation des électeurs. Aujourd’hui, vous ajouteriez la cyberguerre et la désinformation à la liste. Et, là où c’est justifié, des fuites de renseignements.Dans la situation canadienne, si l’administration américaine actuelle et ses agences de renseignement se livraient à de telles… euh, activités, elles ne seraient probablement pas intéressées à aider les conservateurs à gagner le pouvoir. Les démocrates préféreraient probablement un régime libéral amical à un régime dirigé par un parti qui a pris une tournure populiste. Bien sûr, les républicains ont leur propre agenda. Et l’ingérence n’a pas à être faite uniquement par ceux qui sont au pouvoir, mais aussi par ceux qui le cherchent.Il y a une autre possibilité. Peut-être que les Américains ne veulent pas porter un coup fatal, mais juste blesser suffisamment Trudeau pour qu’il joue le jeu, ou qu’il lui soit politiquement impossible de faire quoi que ce soit en faveur de Pékin à l’avenir. Braquer les projecteurs suffisamment sur lui pour le peinturer dans un coin, pour ainsi dire.Nous ne savons pas ce qui s’est dit à huis clos cette semaine. Mais nous savons ce que Biden a dit en public. Dans son allocution à la Chambre des communes, le président américain a souligné la relation étroite que le Canada et les États-Unis ont entretenue tout au long de leur histoire. Mais il est allé plus loin. Il a rappelé à son hôte le credo de l’OTAN: «Une attaque contre un est une attaque contre tous». Il a dit du Canada et des États-Unis: «Nous sommes des nations nordiques. Nous sommes des nations nord-américaines…. Nous allons écrire l’avenir ensemble.»Ce que Biden n’a pas prononcé, c’est le mot «Chine» – jusqu’à ce qu’il se trompe et dise «Chine» dans une phrase où il voulait dire «Canada». Et puis il a plaisanté: «Vous pouvez voir à quoi je pense. Je pense à la Chine, mais je ne vais pas m’y attarder pour l’instant.»Mais avec toutes les révélations du mois dernier, ainsi que la nouvelle démission de Dong, il était clair que les tensions avec Pékin formaient la toile de fond de toute cette visite. Pour couronner le tout, Kovrig et Spavor étaient invités à un dîner d’État organisé ce soir-là. Voilà une déclaration s’il en est une. Biden a également distingué les deux Michaels dans son discours, les remerciant d’être présents à la Chambre, et a mentionné qu’il les avait rencontrés plus tôt lors de sa visite.Les éléphants dans la chambre étaient impossibles à manquer. Et le message que l’éléphant américain a télégraphié à Trudeau était sans ambiguïté: joignez-vous à nous, non pas à Xi Jinping, ou nous vous renverserons et vous écraserons comme la souris que vous êtes.Pour paraphraser les paroles de son père Pierre Elliott Trudeau, le destin politique de Trudeau pourrait bien dépendre de la bête qu’il choisira comme compagnon de lit. Démocratie ou autocratie? Le choix lui appartient, mais quelle que soit sa décision, les couteaux seront toujours prêts, en attente.Lire la version originale anglaise de ce texte sur Substack.com

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Break up the RCMP. Professionalize national policing. Create an independent security force.

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Death By a Thousand Cuts: Who Wants Justin Trudeau Gone, and Why? (Hint: it may be not who you think)