Les réformes du processus de libération sous caution de Trudeau ont contribué à déclencher une vague de violence
La criminalité est en hausse au Canada. En 2021, il y a eu plus de deux millions d'infractions au Code criminel déclarées par la police (en excluant celles reliées à la circulation), soit 25 500 de plus qu'en 2020. Le taux de crimes violents a augmenté de 5%, tandis que le taux de crimes contre les biens a diminué de 1%. À l'échelle nationale, il y a eu 788 homicides, 29 de plus qu'en 2020, soit une augmentation de 3%. Quarante et un pour cent impliquaient des armes à feu et 46% étaient liés à des gangs de rue.Ces chiffres sont impressionnants. Mais les chiffres ne sont pas ce qui reste dans l'esprit des électeurs. Les incidents, eux, oui. Le meurtre d'un sans-abri à Toronto par une bande de jeunes filles de 14 ans juste avant Noël. Un travailleur de la TTC abattu à l’aide d’un fusil à air comprimé par un autre groupe de jeunes; une femme âgée poussée sur un trottoir où elle est décédée. Une année d'horribles agressions à Vancouver, dont un homme qui s'est livré à une attaque à coups de couteau dans le parc CRAB, et un couple agressé alors qu'il chargeait des bagages à l'hôtel Empress.Qu'est-ce qui se cache derrière cette flambée de crimes violents, souvent aléatoires? Le maire de Toronto, John Tory, a dénoncé le manque de soutien en santé mentale; la consommation croissante d'opioïdes est pointée du doigt en Colombie-Britannique. Mais la loi est également à blâmer, en particulier le projet de loi C-75 des libéraux, qui a réformé le processus de libération sous caution en 2019.Le projet de loi C-75 a réglé un certain nombre de problèmes, notamment la surreprésentation des Autochtones dans le système correctionnel et le nombre élevé de personnes qui sont gardées en détention en attendant leur procès. La nouvelle loi a légiféré un «principe de retenue» pour la police et les tribunaux afin de garantir que la libération dans les meilleurs délais soit préférée à la détention.Mais la «conséquence involontaire de la réforme», selon le procureur général de la Colombie-Britannique, Murray Rankin, était que davantage de récidivistes, certains d'entre eux accusés de violence aléatoire, se retrouvaient dans la rue – avec des résultats mortels. L'un de ces incidents a été le meurtre du policier ontarien Grzegorz Pierzchala en décembre; l'homme accusé du meurtre était en liberté sous caution, faisait l’objet d’un mandat d'arrêt pour son arrestation et avait une interdiction à vie de possession d’armes à feu. Après cela, les dirigeants provinciaux et territoriaux ont écrit au gouvernement fédéral pour lui demander de faire en sorte qu'il incombe à l'accusé de prouver pourquoi il devrait être libéré sous caution dans les cas où une arme à feu est utilisée.Les conservateurs fédéraux ont également réclamé des mesures. Cette semaine, ils ont présenté une motion demandant l'abrogation d'éléments du projet de loi C-75, en particulier que les personnes interdites d'accès aux armes à feu et «accusées d'infractions graves liées aux armes à feu n'obtiennent pas facilement une caution». La motion a été défaite par les libéraux, le NPD et le Bloc québécois. Le ministre de la Justice, David Lametti, a déclaré que la réforme du processus de libération sous caution est sur «l'écran radar» du gouvernement et que le gouvernement «regarde comment mieux soutenir les provinces dans l'administration du régime de caution qui existe actuellement».Voilà une bien maigre consolation – et de la politique de bas niveau. Les libéraux ont peut-être oublié comment les conservateurs ont remporté leur premier gouvernement minoritaire, en 2006, lors d'une vague de violence similaire. Toronto avait déjà enregistré un record de 52 homicides l'année précédente lorsque Jane Creba, une jeune fille de 15 ans, avait été tuée dans une fusillade entre gangs rivaux lors d'une excursion de magasinage de Noël au centre-ville. Le pays était au milieu d'une campagne électorale fédérale et, selon le sondeur Darryl Bricker, «c'est à ce moment-là que les chiffres ont basculé».Au cours des neuf années qui ont suivies, les conservateurs ont adopté un programme de lutte contre la criminalité couplé à la protection des droits des victimes. Ils ont établi des peines minimales obligatoires pour les crimes liés à la drogue, les crimes sexuels et les crimes contre les enfants, ont mis fin à la politique des «mesures les moins restrictives» pour les détenus et ont augmenté les peines en vertu de la Loi sur les jeunes contrevenants. Alors que certaines réformes ont été invalidées par les tribunaux, d'autres ont été rejetées par les libéraux, les laissant vulnérables maintenant que la criminalité augmente sous leurs yeux.S'ils ne veulent pas une répétition de 2006, les libéraux devraient resserrer les restrictions sur les libérations sous caution et introduire des versions à l'épreuve de la Charte de certaines réformes conservatrices qui n'ont pas survécu aux contestations judiciaires, y compris les peines minimales obligatoires pour les crimes impliquant des armes à feu. Et ce n'est pas qu'une simple question de votes. Les Canadiens méritent de se sentir en sécurité à bord du tramway ou du Skytrain, ou peu importe où ils se trouvent.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post