Les nominations «diversifiées» ne sont pas la seule façon pour Ottawa de représenter le Canada d'aujourd'hui

Que signifie «représenter le Canada» au 21e siècle? Nous sommes une nation de deux langues officielles, 10 provinces et trois territoires. Quarante et un pour cent d'entre nous sommes des immigrants de première ou de deuxième génération. Quatre-vingt-un pour cent d'entre nous vivons dans des villes, le reste dans des collectivités rurales ou de petites villes. En termes de genre et d'orientation, l'acronyme LGBTQQIP2SAA ne cesse de croître. Et des dizaines de Premières Nations, parlant autant de langues, ont élu domicile sur ce territoire.En d'autres termes, le Canada est peut-être le pays le plus diversifié de la planète. Et de plus en plus, nous exigeons que nos institutions publiques reflètent cette réalité. Le problème, c'est que vous ne pouvez pas englober toute notre diversité dans chaque nomination – comme l'illustrent bien les deux plus récentes nominations du premier ministre Justin Trudeau.Le nouveau juge de la Cour suprême du Canada, Mahmud Jamal, nommé à la Haute Cour en juin, est un brillant juriste bilingue né au Kenya de parents ismailis qui ont élu domicile à Edmonton, mais il n'est pas une femme ou un membre des Premières Nations. La nouvelle gouverneure générale, Mary Simon, qui doit prêter serment ce mois-ci, est une diplomate accomplie du nord du Québec d'origine en partie inuite qui défend les droits autochtones depuis des décennies – mais bien qu'elle parle couramment l'anglais et l'inuktitut, elle ne parle pas français.Bien que les deux nominations aient été très appréciées pour ce qu'elles sont – la promotion de deux personnes éminemment qualifiées et respectées qui représentent non seulement la diversité, mais l'excellence –, elles ont également été critiquées pour ce qu'elles ne sont pas : c’est-à-dire, parfaites. La nomination de Simon a suscité le plus de controverse, en raison de son manque de savoir parler français, qu'elle attribue à son éducation dans une école uniquement anglaise gérée par le gouvernement fédéral. Plus de 400 plaintes ont été déposées au sujet de la nomination auprès du commissaire aux langues officielles, qui lance une «enquête» sur sa nomination.Il est difficile de voir ce qu'impliquera une telle enquête. Le commissaire invitera-t-il la reine à une visioconférence Zoom pour lui demander si elle a été indûment influencée dans son approbation de la nomination? (En supposant qu'elle accepte, je doute que Sa Majesté soit très, euh, amusée.)Il ne fait aucun doute qu'au cours de ses décennies de carrière dans la fonction publique, Simon aurait pu essayer d'apprendre le français. Et il ne fait aucun doute qu'elle doit être capable de parler et de comprendre le français pour s'acquitter pleinement de certaines fonctions, tant au pays qu'à l'étranger. Elle a promis d'apprendre, une promesse qui sera sans doute suivie de près dans les mois à venir.Cela ne satisfait guère ses détracteurs, notamment au Québec. Le tollé dans la Belle province ne se limite toutefois pas à la représentation; elle intervient à un moment où le français est de plus en plus perçu comme attaqué. Les projections de Statistique Canada suggèrent que le pourcentage de Québécois parlant français passera de 82% de la population en 2011 à 75% en 2036. Parallèlement, l'autodéfinition du Canada en tant que pays aux deux peuples fondateurs est contestée par les nouveaux arrivants et les peuples autochtones.En réponse, la législature du Québec a présenté le projet de loi 96, qui exigerait une plus grande conformité des entreprises à sa Charte de la langue française. Le gouvernement fédéral a également présenté le projet de loi 32, qui favoriserait l'immersion francophone dans tout le Canada, exigerait que tous les futurs candidats à la Cour suprême soient bilingues et augmenterait l'immigration en provenance de pays francophones dans les provinces autres que le Québec. L'objectif, selon les termes de la ministre des Langues officielles, Mélanie Joly, est de «contrer et remédier» au déclin du français au Canada.La nomination de Simon ne présage pourtant pas de la disparition du fait français. Au contraire, sa reconnaissance du fait qu'elle doit apprendre la langue réaffirme que la dualité linguistique demeure un élément déterminant de l'identité du Canada. Nous devons également nous rappeler que le simple fait de cocher des cases lors de nominations n'est pas non plus un gage de succès. L'ancienne gouverneure générale, Julie Payette, était parfaitement bilingue, astronaute et des écoles portaient son nom. Elle a également quitté son poste en disgrâce, après avoir été accusée d'avoir créé un «lieu de travail toxique» à Rideau Hall.Il est possible à la fois de respecter l'histoire et de refléter le changement, tel qu'incarné dans les nominations de Simon et de Jamal. C'est quelque chose dont nous devrions tous nous souvenir alors que notre nation naviguera dans les discussions sur la diversité, la représentation et l'égalité dans les années à venir.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

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