Les libéraux utilisent l’interdiction excessive des armes à feu comme un sujet polarisant contre les conservateurs

Le gouvernement libéral se tirera-t-il dans le pied avec sa nouvelle politique sur les armes à feu? Le projet de loi C-21 est une nouvelle loi radicale conçue pour «éradiquer la violence armée une fois pour toutes», selon les propres mots du ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino. Conçu à l’origine pour cibler les armes de poing, il a été modifié pour interdire une large gamme d’armes, y compris tout fusil de chasse ou arme pouvant être équipée d’un chargeur. Cela a non seulement irrité les conservateurs, mais aussi le NPD, ainsi que les associations de chasse et leurs supporteurs.Samedi, le gardien de but des Canadiens de Montréal, Carey Price, a publié une photo sur Instagram sur laquelle on le voit en tenue de camouflage complète, fusil de chasse à la main et sous-titrée: «Je ne suis pas un criminel ni une menace pour la société.» Mardi matin, elle comptait 105 000 likes. (Le club des Canadiens a par la suite présenté des excuses, car le message est tombé à la veille de l’anniversaire de la tuerie de l'École polytechnique, lorsque 14 jeunes femmes ont été tuées et 13 autres blessées avec un fusil d’assaut à l’école Polytechnique de Montréal en 1989, ce que Price ignorait.)À la suite du message de Price, les députés conservateurs Raquel Dancho et Rob Moore ont fustigé Mendicino durant la période des questions, tonnant «que la seule personne dans cette Chambre qui ne semblait pas comprendre ce projet de loi était le ministre lui-même». De l’autre côté de l’allée, le député néo-démocrate Charlie Angus, qui représente une circonscription du nord de l’Ontario, a tweeté que la loi s’était «transformée en un massif excès de zèle» et a décrit l’amendement des libéraux comme étant «extrêmement problématique et devant être corrigé».Légiférer sur les armes à feu est de la véritable dynamite politique – et les libéraux le savent. Ils ont utilisé la question comme un sujet polarisant lors des élections précédentes, y compris lors du vote de 2021. Alors qu’il se présentait à la tête des conservateurs, Erin O’Toole avait promis d’annuler l’interdiction imposée par les libéraux en 2020 sur les armes de type «assaut», y compris le fusil AR-15, qui avait été utilisé pour assassiner 26 adultes et enfants lors de la fusillade à l’école de Sandy Hook. Durant la campagne électorale, le chef libéral Justin Trudeau avait rétorqué: «Vous n’avez pas besoin d’un AR-15 pour abattre un cerf.» O’Toole s’était retrouvé sur la sellette dans les circonscriptions urbaines et suburbaines, où la simple mention d’une «arme à feu» évoque des visions de fusillades, de violence de gangs et d’invasions de domicile.Ce n’est pas un hasard si les libéraux poussent le projet de loi C-21 alors qu’une élection partielle se déroule le 11 décembre dans la circonscription de Mississauga Lakeshore, en banlieue de la Région du Grand Toronto. Ils tentent non seulement d’obtenir des votes des conservateurs, mais aussi du NPD, en soulevant des doutes sur l’engagement des deux partis envers la sécurité publique.Comment les conservateurs pourraient-ils contrer cette accusation? En adoptant une position vraiment conservatrice sur la politique des armes à feu, enracinée dans le principe du gouvernement local. Gouverner «au plus près du peuple» est un principe de conservatisme depuis l’époque d’Edmund Burke. Étant donné que la réalité de la possession d’armes à feu est très différente dans les milieux urbains et ruraux, la réglementation sur les armes à feu devrait l’être aussi. Au lieu d’une politique «uniformisée», la politique des armes à feu devrait être décidée au niveau local.Permettre aux municipalités de choisir de garder certains types d’armes à feu hors de leurs limites permettrait aux électeurs d’avoir plus de contrôle. Les élections municipales pourraient même être liées à des référendums sur la question, donnant encore plus de voix aux citoyens. Les propriétaires d’armes à feu doivent déjà enregistrer leurs armes à feu, ce qui simplifie la réglementation de quelle arme à feu est autorisée où.La Loi fédérale sur les armes à feu et le Code criminel devraient être modifiés pour permettre ce changement ou déléguer ces pouvoirs. Quant au gouvernement fédéral, son rôle serait d’empêcher l’importation illégale d’armes à feu au pays, ce que le projet de loi actuel ne fait même pas. En effet, pour un projet de loi censé accroître la sécurité publique, le projet de loi C-21 est terriblement insuffisant. Dans sa présentation écrite au Parlement, la Fédération de la police nationale a déclaré que «le projet de loi C-21 ne traite pas des activités criminelles, de la prolifération des armes à feu illégales, des crimes commis par les gangs, des armes illégales traversant la frontière ou de l’utilisation criminelle des armes à feu».Avec autant de Canadiens irrités par la portée excessive des libéraux, le temps est venu d’adopter une autre approche. S’ils étaient intelligents, les conservateurs retourneraient ce sujet polarisant à l’envers et prendraient les libéraux à leur propre jeu.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

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