Les élections au Québec ont de profondes répercussions sur le reste du Canada

Avec tout le battage médiatique autour de la course à la direction du Parti conservateur du Canada, de la course à la direction du Parti conservateur uni en Alberta et des funérailles de la reine Elizabeth II, il est facile d'oublier que c'est la saison électorale dans la deuxième plus grande province du Canada, le Québec.Le 3 octobre, les électeurs là-bas se rendront aux urnes dans une course qui, à première vue, peut sembler être des plus ennuyantes. Car personne ne doute qu'elle sera remportée par le parti déjà au pouvoir, la Coalition Avenir Québec (CAQ) du premier ministre François Legault. Mais le reste du Canada devrait être attentif, car le résultat des élections au Québec sera important à plusieurs égards, y compris le résultat des prochaines élections fédérales.L'élection du Québec est surtout marquée par l'effondrement de l'ancien ordre mondial. De 1976 à 2011, les luttes au Québec opposaient les souverainistes, représentés par le Parti québécois (PQ), et les fédéralistes, représentés par le Parti libéral provincial.Aujourd'hui, l’appui à ces deux partis s'est complètement effondré. Le dernier sondage Léger donne les libéraux à 16% et le PQ à 13%. La CAQ est en tête avec 38% des intentions de vote, avec deux autres partis, les conservateurs et Québec solidaire (QS), qui représentent respectivement les positions les plus à droite et à gauche dans la course, complétant le peloton avec 16% chacun.Les conservateurs sont le parti à surveiller dans cette lutte. Dirigés par Éric Duhaime, un ancien animateur de radio, ils ont adopté une approche résolument populiste, reflétant la direction qu’ont pris les conservateurs fédéraux de Pierre Poilievre dans le style et le fond. Le slogan des conservateurs du Québec est «Libres chez nous»; leur site Web proclame que leur principe politique fondateur est la liberté individuelle.Duhaime est un libertarien autoproclamé qui a mené l’opposition aux mandats de port du masque et de vaccination durant la pandémie. En tant que chef conservateur, il défend un large éventail de questions, notamment l’accès à davantage de soins de santé privés, l'augmentation des limites de vitesse à 120 kilomètres à l'heure sur les autoroutes et l'abrogation du projet de loi 96, la dernière loi linguistique de la CAQ.Le débat sur cette loi, ainsi que sur d'autres questions entourant la langue, la culture et l'immigration, est emblématique de la différence entre la politique pratiquée au Québec et celle que l’on retrouve dans le reste du Canada. La protection de la langue française a toujours consisté à restreindre les droits de la minorité anglophone historique du Québec, mais vise de plus en plus à restreindre les droits des immigrants dont la langue maternelle n'est ni le français ni l'anglais. Les partis débattent ouvertement du nombre de nouveaux arrivants que la province peut intégrer, la CAQ s'en tenant à son objectif de 50 000 par an, malgré une grave pénurie de main-d'œuvre qui sévit dans la province.L'élection soulève également la question de la culture woke et de la liberté d'expression dans les universités. Lors du récent débat des chefs, l'animateur a mis au défi le chef de Québec Solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, de dire à haute voix le titre d'un ouvrage phare des années 1960 sur le sort du Québec français, qui comprenait la version française du mot en N — une scène impossible à imaginer dans un débat politique n'importe où ailleurs au Canada anglais.Mais c'est le Québec qui continue d'être tiraillé entre sa volonté d'affirmer sa culture distincte et la froide réalité d'une société faisant face à un déclin démographique. Cependant des lois comme le projet de loi 21, qui interdit le port de symboles religieux à certains employés du secteur public, et le projet de loi 96, qui exige une francisation accrue des entreprises et restreint davantage l'enseignement en anglais, rebutent les nouveaux arrivants que la province doit attirer. Il en va de même pour les commentaires comme ceux récemment faits – puis reniés – par Legault, qui a suggéré que l'immigration est liée à l'extrémisme et à la violence.La question pour les partis fédéraux est de savoir comment ils devront tenir compte de tout cela lors de la prochaine campagne électorale. Une bonne performance du Parti conservateur du Québec renforcera-t-elle la position de leurs homologues fédéraux et les poussera-t-elle plus loin dans une approche populiste? Le gouvernement libéral fédéral va-t-il se laisser entraîner dans la contestation judiciaire du projet de loi 96?Comment le NPD fera-t-il appel au vote socialiste dans la province alors que le chef du parti de gauche de la province prononce des propos qui seraient considérés comme racistes et inacceptables au Canada anglais? Et comment tous les partis vont-ils courtiser les nouveaux Canadiens, notamment dans la ceinture 905 de l'Ontario, alors que les Québécois continuent de voter pour un parti provincial qui cherche à restreindre l'immigration et les droits des immigrants?Quoi qu'il arrive le 3 octobre, le reste du Canada devrait porter attention.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

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Travel-mandate victory could be a double-edged sword for the Tories

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Quebec election has profound implications for the rest of Canada