Les conservateurs doivent questionner les libéraux sur l’ingérence chinoise

À une époque d’instabilité géopolitique croissante, la souveraineté est devenue un sujet brûlant d’actualité pour les gouvernements du monde entier. Le Mexique cherche à établir sa souveraineté énergétique. La France réfléchit à des moyens d’asseoir sa souveraineté alimentaire. Et bien sûr, des pays du monde entier ont dénoncé la violation de la souveraineté ukrainienne lors des quatre «référendums» factices récemment organisés par la Russie.Alors pourquoi le Canada, une nation pleinement souveraine, tolère-t-il la présence de bureaux de police étrangers sur le sol canadien?Tel qu’indiqué dans un article du National Post la semaine dernière, le gouvernement chinois exploite actuellement au moins trois bureaux de ce type chez nous. Leur but est apparemment de persuader les suspects de «fraude commises dans le secteur des télécommunications» et d’autres crimes de retourner en Chine pour faire face à des poursuites. Mais selon un récent rapport du groupe Safeguard Defenders, ils font partie des efforts du Front uni du Parti communiste chinois (PCC) visant à intimider et contrôler sa diaspora. Rien que l’année dernière, 230 000 expatriés ont été «persuadés de revenir», souvent en refusant l’accès aux soins de santé et à l’éducation aux membres de leur famille en Chine et en saisissant leurs biens.Ce qui est plus troublant, c’est que ce type d’ingérence du PCC au Canada n’est pas nouveau. En 2015, Charles Burton, un ancien conseiller à l’ambassade du Canada à Pékin, a signé une chronique dans le National Post dans laquelle il écorchait le ministre des Affaires étrangères de l’époque, John Baird, pour avoir fait signer à Ottawa des accords permettant à Pékin de rapatrier de force les citoyens chinois accusés d’«activités de corruption», ainsi que d’échanger des informations avec la Chine sur les enquêtes douanières. Comme le notait Burton: «En même temps que les entreprises d’État chinoises sont manifestement à l’origine d’une grande partie de l’exportation illégale de technologies classifiées et exclusives canadiennes dans les secteurs militaire et commercial, pourquoi devrions-nous informer la Chine de nos méthodes d’interdiction, pour ainsi les aider à mieux les contourner?»Pourquoi en effet. La question aujourd’hui est de savoir pourquoi le gouvernement actuel a laissé cet état de choses perdurer. Tout au long de son mandat de premier ministre, Justin Trudeau a mal géré les relations avec la Chine. Deux citoyens canadiens, Michael Spavor et Michael Kovrig, ont été détenus pendant plus de 1000 jours par l’État chinois sur de fausses accusations. En 2020, Trudeau a gaspillé des millions de dollars pour tenter de développer un vaccin contre la COVID-19 en coopération avec la Chine, ce qui n’a finalement rien donné. Et en 2021, lui et son cabinet se sont abstenus lors d’un vote à la Chambre des communes condamnant l’horrible génocide du peuple ouïghour par le PCC.Si les libéraux ne défendent pas les intérêts canadiens, y compris ceux des Canadiens d’origine chinoise, les conservateurs doivent le faire. Et à leur défense, ils le font. Le parti a relancé son comité Canada-Chine sous la direction du député Michael Chong. Et le sénateur conservateur Leo Housakos, un critique de longue date des échecs de la politique étrangère des libéraux, a proposé à deux reprises la Loi établissant le registre des agents d’influence étrangers et modifiant le Code criminel, une loi qui exigerait la divulgation publique du lobbying des politiciens et lutterait contre l’infiltration étrangère dans les affaires canadiennes.Espérons que le conseil de Housakos sur la Chine soit celui qui prévaut dans le cercle restreint du nouveau chef Pierre Poilievre. Car les conservateurs seront sans doute nerveux sur cette question. L’ingérence de l’État chinois sous forme de désinformation et d’intimidation leur a probablement coûté plusieurs sièges lors des élections fédérales de 2021, notamment ceux de Kenny Chiu, Alice Wong et Bob Saroya.Les conservateurs craindront également d’être traités de racistes. Mais ce n’est pas du racisme de dénoncer les actions d’un gouvernement étranger malveillant qui opprime ses propres citoyens de même que ceux de pays étrangers. L’Occident l’a fait pendant des décennies à l’époque de l’ex-Union soviétique, qui s’était engagée dans des formes similaires de répression.Si les conservateurs vont réclamer plus de liberté, qu’ils le fassent là où ça compte vraiment. La semaine dernière, Poilievre a pris une position ferme sur l’Iran, une autre dictature où les droits de l’homme sont régulièrement bafoués. Prendre position contre l’oppression et l’ingérence dans les affaires canadiennes par le PCC est la prochaine étape logique. Poilievre et ses collègues devraient profiter de la prochaine période de questions pour demander à Trudeau d’expliquer pourquoi des bureaux de police étrangers sont présents sur le sol canadien et exiger leur fermeture. Même s’ils n’obtiendront peut-être pas de réponses, les conservateurs aviseront les libéraux que la souveraineté canadienne ne doit pas être compromise.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

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Emergencies Act inquiry spells trouble for Trudeau, Poilievre

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The Conservatives must take the Liberals to task on Chinese interference