Les alliés de l’OTAN se préparent à de graves cyberattaques qui pourraient être le déclencheur d’une guerre

Des avertissements ont faits surface la semaine dernière à propos d’une éventuelle cyberattaque russe contre des installations canadiennes. Le Centre canadien pour la cybersécurité, une branche du Centre de la sécurité des télécommunications, a fait état d’«activités de cybermenaces étrangères, y compris par des acteurs soutenus par la Russie, pour cibler les opérateurs d’importants réseaux d’infrastructures canadiens, leurs technologies opérationnelles et informatiques».Pas besoin d’être un génie ou un cyber-expert pour conclure que de telles menaces étaient liées aux déclarations faites par la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, lors de son récent voyage en Ukraine et dans d’autres pays européens. «Le processus diplomatique récemment lancé offre à la Russie deux options: elle peut choisir un dialogue significatif ou [...] des conséquences graves», a déclaré Joly. «Le Canada sera prêt à prendre des mesures supplémentaires, notamment en ce qui concerne le secteur financier.»Lorsqu’on leur a demandé s’il y avait une part de vérité dans la possibilité de cyberattaques, les Russes n’ont pas donné un nyet direct. Lors de l’émission du dimanche matin à CTV, Question Period, l’animateur Evan Solomon a posé la question à l’ambassadeur de Russie au Canada, Oleg Stepanov. Stepanov a répondu, sourire en coin: «Eh bien, c’est un avertissement absolument faux. Parce qu’une fois de plus, il n’y a aucune raison pour que la Russie agisse de cette façon. Quel gain pratique, moral, financier, matériel la Russie aurait-elle si elle s’engageait hypothétiquement dans une telle activité?»Quel gain en effet, à part envoyer un coup de semonce à l’OTAN destiné à décourager l’aide du Canada aux efforts de l’OTAN en Ukraine? Notez que Stepanov a omis de mentionner les gains «politique ou militaire» dans sa réponse – les deux raisons évidentes pour lesquelles la Russie s’engagerait dans ce type d’intimidation.Et apparemment, ils étaient suffisants. Un jour après les démentis de Stepanov, Global Affairs a rapporté qu’elle avait été «la cible d’une cyberattaque, mais il n’est pas clair si les Russes, les auteurs présumés, ont piraté le système ou ont simplement pu perturber son service».Cet épisode est une leçon non seulement pour le gouvernement du Canada, mais aussi pour les gouvernements du monde entier. Alors que tous les yeux sont rivés sur la frontière de la Russie et de l’Ukraine, les invasions ne sont plus simplement des affaires qui se passent sur le terrain. Elles sont de plus en plus lancées dans le cyberespace, où les frontières n’importent pas et où leur impact peut être tout aussi meurtrier, sinon plus.Imaginez si des réseaux électriques entiers au Canada commençaient à tomber en panne. Si vous vivez en Ontario et au Québec, vous savez ce que c’est: l’Ontario a subi une importante panne en 2003 après une interruption du réseau électrique du nord-est, le Québec après une tempête de verglas en 1998. Le coût de la panne au Québec a été estimé à 5 milliards de dollars; celui de la panne ontarienne, 6 milliards de dollars.Et c’était à une époque où nous dépendions tous beaucoup moins du réseau pour notre vie quotidienne. Aujourd’hui, nous n’aurions pas seulement à souffrir de l’absence de lumière et de chaleur, mais aussi de l’absence d’Internet: pas de communication, pas de banque, pas d’informations, pas de GPS. La liste est longue. Ça fait peur. Mon collègue Matt Gurney a dépeint un tel tableau apocalyptique la semaine dernière dans une chronique pour The Line. Elle se lit comme le scénario d’un film d’horreur (sans les zombies).Des attaques comme celles-ci ne proviennent pas seulement d’États voyous, mais aussi de criminels qui ont l’intention d’extorquer des rançons à des entreprises privées et à des gouvernements. Pas plus tard que le mois dernier, le système de santé de Terre-Neuve a été paralysé par une telle attaque; en 2020, 560 organisations de soins de santé ont été touchées par des attaques de type rançongiciel, coûtant plus de 20 milliards de dollars, soit le double du coût de 2019.Quant à la cyberguerre contre l’Ukraine, elle semble aller dans les deux sens. Une organisation biélorusse se faisant appeler les Cyberpartisans biélorusses affirme avoir ciblé des lignes de chemin de fer pour perturber d’éventuels mouvements de troupes russes vers l’Ukraine. Les États-Unis, quant à eux, sont en état d’alerte pour d’éventuelles cyberattaques sur leurs infrastructures alors que les tensions montent dans la région.Cela pourrait avoir des implications de grande portée. Selon le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg: «Une importante cyberattaque pourrait déclencher l’article 5 (de l’OTAN), où une attaque contre un allié est traitée comme une attaque contre tous.» Si la Première Guerre mondiale a commencé par un coup de feu en Serbie, une troisième guerre mondiale commencera-t-elle par une attaque au logiciel malveillant dans le cyberespace? Comme la récente attaque contre le Canada peut malheureusement le confirmer, une telle question n’est plus hypothétique.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

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