L’enquête sur la Loi sur les mesures d’urgence met Trudeau et Poilievre sur la sellette

Cette semaine, tous les regards sont tournés vers Ottawa alors que la Commission sur l’état d’urgence commence ses audiences sur l’utilisation de la Loi sur les mesures d’urgence par le gouvernement fédéral. Le gouvernement a invoqué cette loi pour mettre fin aux manifestations du «convoi de la liberté» qui ont paralysé la ville d’Ottawa pendant trois semaines et bloqué les passages frontaliers à plusieurs endroits du pays en février dernier. Les mesures déployées comprenaient l’expulsion physique des manifestants et des véhicules, ainsi que le gel des comptes bancaires des partisans du convoi.Dire que ce sera un cirque politique et médiatique est un euphémisme. La liste des témoins potentiels comprend des membres clés du cabinet, comme la vice-première ministre Chrystia Freeland, le ministre de la Sécurité publique Marco Mendicino et, surtout, le premier ministre Justin Trudeau. Des organisateurs de convois, dont Tamara Lich, Pat King et Chris Barber, devraient également être appelés à témoigner.Toutefois, la partie la plus importante de cette audience ne sera peut-être pas le témoignage des politiciens ou des partisans du convoi, mais celui de la GRC et des services de renseignements. Comment ont-ils évalué la menace pour la sécurité publique? Quels conseils ont-ils donnés, ou non, au gouvernement? Comment ces conseils ont-ils été traités une fois reçus? Ont-ils été exagérés ou mal interprétés d’une quelconque manière?Le gouvernement a déjà confirmé que la GRC n’a pas demandé le déploiement de la loi, malgré la déclaration initiale de Mendicino selon laquelle «le conseil que nous avons reçu était d’invoquer la Loi sur les urgences». En même temps, le directeur du SCRS a déclaré à un comité mixte spécial de la Chambre des communes plus tôt cette année que «la préoccupation que nous avions avec le convoi, dès le début et durant toute sa durée, était le fait que nous avons vu au Canada, dans d’autres juridictions, des extrémistes violents utiliser ces manifestations pour se livrer à des actes de violence, pour recruter des membres, pour être en mesure de répandre encore plus leur idéologie.»Les Canadiens ont besoin de clarté sur l’état réel de la menace. Si le gouvernement est allé trop loin à des fins politiques, les libéraux en paieront le prix. Attendez-vous à ce que les conservateurs tentent d’utiliser toutes les occasions de faire tomber le gouvernement avant la date limite de 2025 qu’il s’est lui-même fixée. Le rapport de la Commission doit être déposé en février prochain – à temps pour le budget du printemps et un vote de confiance à la Chambre qui pourrait plonger le Canada dans une élection.Cependant, si la Commission conclut que le gouvernement était justifié d’invoquer la loi, le gros bout du bâton revient aux libéraux. Attendez-vous à ce qu’ils entament une offensive publicitaire montrant un Poilievre tout souriant et des collègues conservateurs apportant du café aux manifestants. Trudeau pourrait alors soit organiser sa défaite sur le budget, soit simplement dissoudre le Parlement et se rendre aux urnes. Et s’il ne déclenche pas tout ça au printemps, il y a toujours le mois de septembre prochain, lorsque les leaders du convoi passeront devant le tribunal pour un certain nombre d’accusations criminelles, et tout le cirque recommencera.À une époque où l’inflation est galopante, où les taux d’intérêt augmentent et où le gouvernement libéral semble avoir dépassé sa date de péremption, Trudeau n’a pas beaucoup de cartes à jouer. La seule carte qu’il a, c’est que les conservateurs n’ont pas défendu la loi et l’ordre – un des piliers de leur parti, rien de moins – en période de crise nationale. Et il sait que le convoi n’a pas la sympathie du «public» que ses partisans prétendaient représenter.Les sondages effectués à l’époque des manifestations ont révélé qu’une majorité n’appuyait pas les manifestations du convoi, y compris en Alberta où 61% des répondants n’étaient pas d’accord avec les objectifs de la manifestation et 67% n’étaient pas d’accord avec les moyens utilisés. Et un sondage Nanos effectué six mois plus tard a révélé que 70% des Canadiens ont toujours une opinion négative ou plutôt négative des politiciens qui ont ouvertement soutenu les manifestants. Un autre sondage Nanos plus récent a révélé que le soutien au convoi était l’un des attributs «négatifs» que les électeurs avaient de Poilievre, avec le fait qu’il était «trop à droite», qu’il semait la discorde et qu’il était «semblable à Donald Trump».Les «souvenirs du convoi de la liberté» seront-ils la sauce secrète que Trudeau utilisera pour remporter un quatrième mandat? Les conservateurs sombreront-ils à cause de la course mal avisée à l’électorat Tim Hortons? Le temps – et les témoignages – nous le diront.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

Previous
Previous

Class-based rage comes for Britain's Tories, just as it comes for Trudeau

Next
Next

Emergencies Act inquiry spells trouble for Trudeau, Poilievre