Le scandale de Mary Ng n’est que la pointe de l’iceberg
La ministre du Commerce Mary Ng devrait démissionner.En 2019 et 2020, la ministre du Commerce international, de la Promotion des exportations, de la Petite Entreprise et du Développement économique a embauché une entreprise détenue en copropriété par une amie proche, Amanda Alvaro, pour lui offrir une formation aux médias.Les contrats totalisaient 22 790 $. Bien qu’il s’agisse d’une bien petite somme à Ottawa, comme l’a noté le commissaire à l’éthique Mario Dion, «il n’y a tout simplement aucune excuse pour conclure un contrat avec l’entreprise d’une amie». Point à la ligne.À des fins de transparence, je suis également amie avec Mme Alvaro. Elle est une communicatrice avisée et une excellente stratège. Mais si j’étais ministre, je n’embaucherais pas son entreprise. Le «Friendshoring» est peut-être une politique appropriée entre les nations, mais elle ne l’est pas entre les politiciens et leurs amis.Mme Ng s’est excusée, mais cela ne suffit pas. Les ministres du Cabinet doivent être tenus à des standards plus élevés que de simples «Je suis désolée». Elle ne devrait même pas prendre le temps de cligner des yeux avant de démissionner. C’est ce que ferait toute personne intègre. Mais encore une fois, Mme Ng n’est pas une telle personne.Son manque d’intégrité va plus loin que ces transgressions. C’est la ministre qui en février 2021 a voté en faveur d’une motion déclarant que la Chine commettait un génocide contre le peuple ouïghour pour ensuite affirmer qu’elle l’avait fait par erreur.La Chine a incarcéré plus d’un million de Ouïghours dans des camps de concentration, où ils sont soumis à de la torture, à des abus sexuels, à la stérilisation forcée, au prélèvement d’organes et au travail forcé. La Chambre des communes a voté à l’unanimité en faveur de la déclaration de génocide des actions du gouvernement chinois, à l’exception du Cabinet, qui s’est abstenu.Si Mme Ng est prête à s’incliner devant Pékin sur cette question, elle n’a certainement pas ce qu’il faut pour supporter les conséquences de ses propres erreurs.Ce qui nous amène à son patron, le premier ministre Justin Trudeau. Dans un gouvernement normal, le premier ministre exigerait la démission d’une ministre qui s’est engagée dans un conflit d’intérêts aussi flagrant.Mais Trudeau a également profité des fruits de l’amitié durant son mandat, y compris ses tristement célèbres vacances sur l’île de l’Aga Khan en 2016. Cette année-là, la Fondation Aga Khan, un groupe de pression dûment enregistré, a reçu plus de 50 millions de dollars de financement fédéral. Le commissaire à l’intégrité a convoqué Trudeau sur la question, mais ce dernier n’a pas remis sa démission non plus.Trudeau n’est pas une personne intègre autant sur ces questions que sur d’autres. L’abstention susmentionnée du Cabinet concernant la motion sur le génocide ouïghour est venue suite à ses instructions.La lâcheté de Trudeau est honteuse au-delà de toute croyance et se moque de la stratégie indo-pacifique récemment dévoilée par son gouvernement, qui prétend adopter une approche «réaliste et lucide» de la Chine en tant que «puissance mondiale de plus en plus perturbatrice».De toute évidence, ce n’est pas un gouvernement normal. C’est un gouvernement minoritaire qui gouverne comme un majoritaire, car il est soutenu par un tiers parti, le NPD, qui ne tirera jamais sur la plogue de peur de s’en tirer encore plus mal aux prochaines élections. C’est un gouvernement qui fait des gaffes en croyant pouvoir dépenser en toute impunité, s’attribuer le mérite des idées du NPD et, le moment venu, déclencher des élections et s’acheter un autre mandat aux frais des contribuables.Pire encore, c’est un gouvernement qui ne défend pas les intérêts de sécurité nationale du Canada. Mary Ng n’est que la pointe de l’iceberg.Selon de récents reportages du journaliste d’enquête Sam Cooper, au moins 11 députés, tant libéraux que conservateurs, ont reçu des fonds du Parti communiste chinois lors des élections de 2019. Pourtant, Trudeau nie avoir été informé sur le sujet en 2020, malgré la révélation d’une note de service du Bureau du Conseil privé rédigée cette année-là sur «un réseau actif d’ingérence étrangère» affectant le vote de 2019.Si tout cela peut sembler une façon bien déprimante de terminer l’année, ça l’est. Avec l’économie dans la dèche, les familles aux banques alimentaires et le Parti communiste chinois à la porte, ce n’est pas exactement un joyeux Noël pour de nombreux Canadiens.Mary Ng devrait démissionner. Mais elle ne le fera pas, car si elle part, elle sait que le gouvernement devrait tomber avec elle.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post