Le crédibilité du PM à la COP26 rate sa cible au pays
«Premier ministre Justin Trudeau: leader en matière de climat.» Voilà le grand titre que Trudeau aimerait sans doute voir sortir de la dernière Conférence des États signataires, la conférence internationale sur les changements climatiques de Glasgow connue sous le nom de COP26. Après une élection fédérale difficile qui l’a vu échouer à atteindre la majorité souhaitée, le premier ministre met tout en œuvre pour redorer son image sur la scène internationale. Mais ce faisant, il semble avoir oublié son public national – et l’impact que ses paroles auront sur l’économie et l’abordabilité de la vie dans son propre pays.Dans un discours de deux minutes aux dirigeants mondiaux lundi, Trudeau a réitéré son engagement de campagne à imposer un strict plafond aux émissions des sables bitumineux du Canada. «Nous plafonnerons les émissions du secteur pétrolier et gazier aujourd’hui et veillerons à ce qu’elles diminuent demain au rythme et à l’échelle nécessaires pour atteindre la valeur nette zéro d’ici 2050», a solennellement entonné Trudeau. «Ce n’est pas une mince affaire pour un grand pays producteur de pétrole et de gaz. Mais c’est un grand pas qui est absolument nécessaire.»Et un grand pas qu’il a fait, apparemment, sans parler au leader de la province qui produit le gros du pétrole, du gaz et des émissions, le premier ministre de l’Alberta Jason Kenney. Trudeau se sentait peut-être en sécurité, étant donné que le capital politique de Kenney est au plus bas, mais comme l’a souligné ce dernier, le premier ministre a raté une occasion de souligner les efforts de la province et de l’industrie, qui font leur part pour lutter contre les changements climatiques. Kenney et le ministre de l’Environnement de l’Alberta, Jason Nixon, viennent d’annoncer un investissement de 176 millions de dollars du gouvernement dans son fonds intitulé Technology Innovation and Emissions Reduction Regulation (TIERR), pour des projets qui devraient créer environ 5600 emplois et réduire de près de sept millions de tonnes les émissions d’ici 2030, ce que Trudeau négligé de mentionner à son auditoire à Glasgow.Mardi, Trudeau a co-organisé un événement sur la tarification du carbone à la COP26 et a demandé que des taxes soient imposées sur 60% des émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici 2030.Il a cité la taxe sur le carbone du Canada, qui a débuté à 20 $ la tonne en 2019 et devrait passer à 170 $ la tonne d’ici 2030. Le taux actuel de 40 $ la tonne ajoute environ 8,8 cents au litre d’essence, coût qui est censé être compensée par des chèques de remboursement de taxes qui rendent le programme neutre en termes de revenus pour la plupart (mais pas tous) des consommateurs.Trudeau a déclaré: «Ce que fait un prix du carbone élevé, lorsqu’il est correctement conçu, c’est de diriger ces signaux de prix vers le secteur privé, de transformer l’économie et de soutenir les citoyens en les encourageant à faire de meilleurs choix.» Mais le fait-il? Dans une étude portant sur 12 pays de l’OCDE à revenu élevé, l’Institut Fraser a constaté qu’en moyenne, 74% des recettes de la taxe carbone allaient directement aux recettes générales, 12% étaient affectées aux dépenses environnementales et seulement 14% étaient retournées aux contribuables à titre de remises. Alors que la version canadienne retourne 90% des revenus aux citoyens, les entreprises se plaignent naturellement que ce qui reste ne les compense pas pour leurs coûts énergétiques accrus, qui seront inévitablement refilés aux consommateurs sous la forme de prix plus élevés.Pour que les taxes sur le carbone soient vraiment neutres en termes de revenus et découragent l’utilisation du carbone sans paralyser l’économie, d’autres taxes doivent être réduites en même temps. Mais cela ne s’est pas produit sous le règne de Trudeau. La politique entre inévitablement en jeu et l’emporte sur l’économie – surtout quand il est si facile de marquer des points politiques bon marché aux dépens de ses rivaux politiques.Si Trudeau aspire vraiment à être Capitaine Carbone, il doit sortir de la politique des changements climatiques et se concentrer à trouver de meilleures solutions. Au cours des prochaines décennies, le Canada tentera de résoudre la quadrature du cercle: continuer à produire du pétrole et du gaz, maintenir la croissance économique, augmenter sa population grâce à l’immigration et réduire ses émissions globales de carbone, le tout en même temps. Ce n’est pas aussi impossible qu’il y paraît, si le gouvernement évite de tomber dans les sanctions comme les plafonds de production en faveur d’incitations politiques: récompenser l’innovation, compenser les prix du carbone par des réductions d’impôts et, surtout, impliquer les gouvernements provinciaux et l’industrie dans la conversation. À moins que Trudeau ne prenne ces mesures ici, ses paroles à l’étranger ne sont rien de plus que du vent.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post