Le Canada doit avoir la capacité de se défendre dans un monde de plus en plus incertain

«J’ai besoin de munitions, pas d’un chauffeur.» Avec ces mots, le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a galvanisé l’esprit combatif de toute une nation, sinon de tout le monde libre. En conséquence, une multitude de pays ont envoyé du matériel militaire à l’Ukraine, dont le Canada, qui a fourni cette semaine une livraison d’armes meurtrières indispensables pour défendre le peuple ukrainien.Mais les paroles de Zelenskyy ont également fait ressortir une réalité plutôt effrayante: la guerre n’est pas une chose du passé, et à moins que vous n’ayez les moyens de la combattre, vous dépendez des bonnes grâces – et des calculs stratégiques – des autres États-nations. Une armée forte n’est pas un luxe. C’est une nécessité. Et le Canada doit améliorer sa propre situation.Depuis la fin de la guerre froide, comme une grande partie du monde occidental, le Canada s’est endormi dans une sorte de complaisance. La «guerre» n’a plus lieu en Occident: nos forces ont combattu les talibans, ou ISIS, mais jamais l’armée d’un État-nation comme la Russie.Notre position géographique et notre approche harmonieuse de la politique étrangère avec les États-Unis ont également protégé le Canada de la menace d’invasion. Nous avons vécu si longtemps sous l’égide de la défense américaine que nous ne pouvons plus imaginer le ciel ouvert. Mais la lumière froide du jour perce à travers, et elle engendre des questions difficiles.Comment le Canada protégerait-il son sol et sa souveraineté s’il était menacé? Que ferions-nous si la Russie ou la Chine envoyaient des navires de guerre dans les eaux arctiques de plus en plus libres de glace? Qu’est-ce qui empêcherait l’Amérique d’établir des bases dans notre Grand Nord, pour se défendre contre la possibilité d’une agression russe?La décision de l’Allemagne d’inverser en un clin d’œil des décennies de politique et de commencer à consacrer plus de 2% de son PIB annuel à la défense est un appel à l’action pour le reste du monde libre. Le Canada ne peut pas être laissé pour compte.La dernière fois que nos militaires ont fait l’objet d’un examen, c’était en 2017. Le titre de ce rapport du Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense dit tout: «Sous-financement des Forces armées canadiennes: Passons de la parole aux actes». Il fait la chronique de décennies de sous-financement par les gouvernements successifs et conclu que nous devons remédier de toute urgence aux échecs sur plusieurs fronts, notamment l’approvisionnement, la défense antimissile balistique et la cybersécurité.À quel point est-ce grave? Prenons un seul exemple: le manque quasi total de capacités de défense aérienne du Canada. Si nous avions été bombardés par des avions, des hélicoptères ou même des drones, comme l’a été l’Ukraine, nous aurions peu de capacité à riposter. Le gouvernement conservateur précédent a brièvement envisagé de renforcer nos défenses en 2010, avant de se retirer de l’achat d’avions de combat F-35. Onze ans plus tard, les libéraux n’ont toujours pas d’échéancier pour remplacer notre flotte de CF-18 vieille de 40 ans.Alors, à quoi ressemblerait une solide politique de défense canadienne?Premièrement, Ottawa devrait égaler Berlin et augmenter les dépenses de défense à 2% du PIB, contre 1,4% en 2020. Cette même année, nos alliés de l’Australie et du Royaume-Uni ont dépensé respectivement 2,1 et 2,2%, tandis que les États-Unis ont dépensé l’équivalent de 3,7% de son PIB (la Russie, il faut le noter, a dépensé 4,3%). Nous devons investir dans l’équipement physique nécessaire pour faire le travail, ainsi que dans les capacités de renseignement nécessaires pour faire face aux nouvelles menaces.Deuxièmement, Ottawa devrait réaffecter le processus d’approvisionnement au ministère de la Défense nationale. Il est actuellement supervisé par Services publics et Approvisionnement Canada, ce qui a entraîné un processus trop bureaucratique supervisé par des personnes ayant peu ou pas d’expertise en matière de défense. La réalité est qu’en matière militaire, le recours à un fournisseur unique est parfois la seule option. En 2019, l’analyste militaire respecté Richard Shimooka de l’Institut MacDonald Laurier a qualifié le système d’approvisionnement militaire du Canada comme étant «le pire du monde occidental». C’est à la fois inacceptable et terrifiant.Troisièmement, nos Forces doivent intensifier leurs efforts de recrutement. Selon l’expert en défense Christian Leuprecht du Collège militaire royal, le Canada manque de 7500 soldats, nécessaires pour amener les Forces armées à leur effectif autorisé.Dans une entrevue accordée cette semaine, Leuprecht a souligné que «la défense nationale n’a tout simplement pas été une priorité politique pour le gouvernement fédéral.... Cela est évident dans le sous-investissement chronique et une foule de défis en matière de ressources humaines, du recrutement à l’inconduite professionnelle.»Quatrièmement, le Canada doit investir massivement dans la cyberdéfense. Selon l’expert en cybersécurité David Shipley, le Canada devrait établir une branche distincte de l’armée comme le Cyber ​​Command des États-Unis, avec des capacités à la fois défensives et offensives. «La dissuasion est essentielle, a déclaré Shipley, dans une entrevue à Fredericton. Les États doivent savoir que le Canada est en mesure de riposter s’il est attaqué.»Rien de tout cela n’est sorcier. La leçon de l’Ukraine est claire: le Canada doit reconstruire son armée pour être en mesure de défendre notre pays contre les menaces actuelles et potentielles. Il ne manque plus que la volonté politique. Puisque le gouvernement libéral actuel ne l’a pas, c’est aux conservateurs de la trouver, maintenant et après les prochaines élections.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

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