La CBC divise les Canadiens aux frais des contribuables

Est-ce que la CBC est un média financé par le gouvernement? C’est la question la plus importante pour le twittosphère cette semaine – et pour nos politiciens. Selon un gazouillis particulièrement juvénile du PDG de Twitter, Elon Musk, ça l’est – à hauteur de 69%. Pour ne pas être en reste, le chef conservateur Pierre Poilievre gazouillait: «Voilà. Maintenant, tout le monde est content!» – après s’être réjoui plus tôt que «la CBC a officiellement été étiquetée comme de la propagande libérale, pas comme des nouvelles». Quant au premier ministre Justin Trudeau, il a déclaré cela: «Je pense que c’est révélateur que pour attaquer cette institution qui est importante pour beaucoup, beaucoup de Canadiens… (Poilievre) court vers les milliardaires américains.»Ah, le niveau du débat politique canadien aujourd’hui... Laissons un instant le bac à sable et analysons les vrais problèmes.L’étiquetage de la CBC comme un «média financé par le gouvernement» est techniquement correct, mais contrairement aux fantasmes des théoriciens du complot, CBC ne reçoit pas d’ordres au quotidien du Cabinet du premier ministre ou n’a pas de ligne directe avec Rideau Hall. Comment le savons-nous? C’est simple, si la CBC avait dû suivre la ligne du gouvernement, elle aurait applaudi celle de Stephen Harper lorsqu’il était premier ministre. Mais ce n’était certainement pas le cas.Ce que CBC suit cependant, c’est une ligne philosophique libérale. Et cette ligne est enracinée dans deux choses: la loi et la culture. Premièrement, la Loi sur la radiodiffusion donne à CBC/Radio-Canada le vaste mandat de représenter la diversité du Canada, de raconter les soi-disant «histoires canadiennes inédites» que les radiodiffuseurs commerciaux évitent parce qu’ils n’ont qu’un auditoire d’environ cinq personnes. C’est ainsi que la CBC se rapproche le plus de la «direction éditoriale»; ce n’est pas une contrainte quotidienne, mais un objectif primordial, un but qui colore les types d’histoires privilégiées et la manière dont elles sont présentées.Deuxièmement, cet objectif attire un certain type de producteur et de journaliste, qui partage cette vision philosophique libérale du Canada, qui apprécie également le soutien de l’État au journalisme sans entraves commerciales. Les gens qui préfèrent travailler dans cet environnement plutôt que dans le monde plus féroce de la radiodiffusion privée affluent donc vers la CBC. Au fil du temps, cette main-d’œuvre crée une culture, une culture plus prédisposée à voir le gros gouvernement comme bienveillant plutôt qu’hostile, et donc plus susceptible de ne pas être d’accord avec les personnes opposées au gros gouvernement – c’est-à-dire les conservateurs.Le parti conservateur de Poilievre est à l’extrémité du continuum anti-CBC, car il est non seulement anti-gros gouvernement, mais aussi anti-élite. Et dans la radiodiffusion canadienne, il n’y a rien de plus élitiste que la CBC. Basée à Toronto, elle adopte une vision très urbaine du Canada: inclusive, progressiste et woke. S’il s’agissait d’un radiodiffuseur privé, personne ne s’en soucierait, mais il le fait avec des fonds publics.Par conséquent, au lieu de nous unir, la CBC finit par nous diviser, à l’opposé de son mandat. Cette situation est de l’herbe à chat pour les populistes, un excellent moyen de motiver leur base et de faire couler les dollars lors des collectes de fonds.L’attaque contre la CBC fait également partie d’un récit anti-média plus large. Comme les républicains aux États-Unis, les conservateurs canadiens considèrent «le Parti des médias» tout autant comme un adversaire que leurs véritables adversaires politiques. Les médias indépendants, tels que Rebel News, True North et Fox News au sud de la frontière, sont les bienvenus, mais pas les médias traditionnels. Les conservateurs font confiance à ces médias parce qu’ils sont d’accord avec eux, pas parce qu’ils offrent un journalisme de meilleure qualité.Alors, où cela nous mène-t-il? Comme d’habitude, avec des politiciens qui alimentent les extrêmes. Trudeau et Poilievre ont tous deux des clics, des dons et des électeurs à gagner en adoptant des positions polarisées: Trudeau en tant que défenseur des institutions canadiennes unificatrices, Poilievre en tant que champion anti-élite du contribuable assiégé. Leurs bases électorales respectives l’apprécieront peut-être, mais le reste du pays pourrait se passer de la tempête.Le fait que Twitter étiquette maintenant la CBC comme étant «financée par le gouvernement» n’est pas la question. La question est de savoir si nous avons besoin d’un radiodiffuseur financé par l’État comme la CBC dans notre univers audiovisuel et, si c’est le cas, quelle forme devrait-il prendre. Les institutions évoluent et les médias ne font pas exception. Peut-être qu’un jour nous aurons une véritable conversation entre adultes à ce sujet. Pour l’instant, il sera limité à des prises de positions de 280 caractères.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

Previous
Previous

How Trudeau could leverage PSAC strike against Singh and Poilievre

Next
Next

Woke CBC dividing Canadians on the public dime