Comment Trudeau pourrait tirer parti de la grève de l'AFPC contre Singh et Poilievre

La grève de l'Alliance de la Fonction publique du  Canada (AFPC) sera-t-elle pour le NPD ce que le Convoi de la liberté a été pour les conservateurs? Alors que 155 000 travailleurs du secteur public sont toujours en grève à travers le pays, le chef du NPD, Jagmeet Singh, s'est joint aux lignes de piquetage la semaine dernière à Ottawa. «Ce sont des travailleurs qui ont fourni des soutiens si importants aux Canadiens lorsque nous en avions le plus besoin pendant la pandémie», a déclaré Singh. «Et maintenant, ils méritent le respect.»Cela vous semble familier? Lorsque le Convoi est arrivé en ville en janvier 2022, le chef conservateur de l'époque, Erin O'Toole, a déclaré que «les camionneurs ont été nos héros». L'aspirant à la direction Pierre Poilievre a déclaré plus tard: «Je suis fier des camionneurs et je suis avec eux». Poilievre a remporté la course à la direction et a défendu depuis la cause des «gens ordinaires» – ceux qui «réparent des choses, déplacent des choses, creusent des choses et construisent des choses».Oubliez la classe des «portables». Aux prochaines élections, la classe ouvrière sera là où les choses vont se passer. Et bien que la plupart des fonctionnaires fédéraux ne se salissent pas souvent les mains, ils partagent une chose avec les cols bleus: la syndicalisation. Ce qui fait de la grève de l'AFPC à la fois une mine d'or et une mine au potentiel explosif pour les politiciens.Pour le NPD, il s’agit d’une chance de consolider sa base syndicale, ce dont il a cruellement besoin. Un récent sondage réalisé par Abacus Data montre que les libéraux et les conservateurs bénéficient d'un soutien syndical bien supérieur à celui du NPD. Trente-six pour cent des syndiqués du secteur privé et 34% des syndiqués du secteur public voteraient conservateurs; 34% et 26%, respectivement, appuieraient les libéraux; et seulement 14% et 26% choisiraient le NPD.Singh s'oppose catégoriquement à toute loi libérale de retour au travail, même si cela signifiait modifier l'accord d'approvisionnement et de confiance qui maintient les libéraux au pouvoir. Les libéraux pourraient alors être contraints d'obtenir l'appui d'un autre parti, les conservateurs.Pour le chef conservateur Poilievre, cette grève représente une épée à double tranchant. Il veut maintenir la bonne foi syndicale et l'attrait ouvrier du parti, mais en appelle également au respect des contribuables et à la retenue en matière de gouvernement. Comment les conservateurs pourraient-ils justifier d'appuyer les revendications salariales de l'AFPC et les concessions sur le travail à distance que la plupart des «gens ordinaires» n'auront jamais?Au milieu de tout cela se trouvent les libéraux, qui poussent leurs pions pro-syndicats. Lors de la dernière élection fédérale, ils ont promis de présenter une loi interdisant les travailleurs de remplacement dans les secteurs fédéraux syndiqués, notamment les compagnies aériennes, les banques, les moulins à grains, les expéditeurs maritimes, les chemins de fer et les entreprises de télécommunications. Les libéraux prévoient présenter le projet de loi cet automne, ce qui signifie qu'à moins qu'ils ne restent au pouvoir, il ne passera pas – ce qui exercera une pression supplémentaire sur le NPD pour qu'il soutienne le gouvernement.La semaine dernière, les libéraux ont également annoncé la construction d'une nouvelle usine de batteries pour véhicules électriques Volkswagen à St Thomas, en Ontario, qui créera 3000 emplois syndiqués, au coût de 13 milliards de dollars en subventions. Plus tôt dans l'année, Poilievre a fustigé l'entente: «Cet argent appartient aux Canadiens. Pas à une société étrangère. Pas à Justin Trudeau.» Vendredi dernier, Poilievre a écrit au directeur parlementaire du budget, Yves Giroux, pour lui demander d'examiner de plus près son impact sur les contribuables et les autres secteurs de l'économie. L'accord libéral établit ainsi la question polarisante parfaite, opposant deux catégories de conservateurs – les syndiqués et les contribuables – l'une contre l'autre.Et les dirigeants syndicaux de leur côté observent le tout. La présidente nationale d'Unifor, Lana Payne, a déclaré vendredi dans un communiqué: «Les conservateurs fédéraux ont maintenant la chance de montrer qu'ils soutiennent réellement les travailleurs et leurs droits en vertu de la Charte et l'exercice de ces droits pour améliorer leur niveau de vie. … Mais je ne retiens pas mon souffle.»Comment cela va-t-il se terminer? Si je devais parier, les libéraux donneront tout l'argent qu'ils peuvent à l'AFPC pour régler la grève et éviter la possibilité d'une loi forçant le retour au travail. Ils tenteront de forcer Poilievre à choisir entre ses bases syndicale et fiscale et voleront la vedette à Singh sur les droits du travail. L'ironie est que le chef de parti le plus élitiste au Canada pourrait devenir le plus grand champion des gens ordinaires – et laisser ses adversaires pro-travailleurs mordre la poussière.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

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